Le sculpteur François Breton « transforme l’inerte en esprit
» à Plouguerneau.
Une œuvre colossale. Depuis 19 ans, François Breton sculpte
le « Calvaire de l’estran », au Korejou, à Plouguerneau. Une commune à laquelle
l’artiste, soucieux de poursuivre un cheminement artistique harmonieux, est
très attaché.
En arrivant au Korejou, à Plouguerneau, surgit de la dune un
ensemble de sculptures : il s’agit du Calvaire de l’estran, du sculpteur
François Breton. Commencée en 2006, l’œuvre devait être réalisée en dix ans et
comprendre 300 sculptures. L’œuvre d’une vie ! 19 années plus tard, une petite
moitié est sortie de pierre. L’auteur continue son cheminement artistique, sans
plan mais en suivant une règle, l’harmonie.
François Breton est né en 1956 d’une famille qui s’est
exilée vers la capitale. Son père, originaire de Plouguerneau, a travaillé à
l’usine avec la blessure du déracinement. Inventif et travailleur, il deviendra
un de ces ingénieurs auto-construits que permettait l’ascenseur social.
Diplômé des Beaux-arts en peinture en 1978, François a
installé son atelier à Paris dans différents domaines : architecture
d’intérieur, décoration, peinture, restauration. Mais les années se comptent à
partir des vacances d’été, où il retourne dans sa chère Bretagne. À 20 ans, il
réalise son premier gros chantier. Pendant quatre étés, il réalise une fresque
de 45 tableaux sur les murs du jardin intérieur d’une grande maison, au-dessus
d’une crique en face du Koréjou.
Ce Calvaire de l’estran, « c’est un lieu qui vit depuis la
nuit des temps, depuis le néolithique jusqu’à nos jours, en passant par l’âge
du Fer et le Moyen-Âge jusqu’au temps des goémoniers. Dans un grand tout
extrêmement architecturé, des histoires collectives ou individuelles sont
exprimées. Le déroulement des histoires n’est pas figé sur un plan narratif ».
François Breton travaille toute l’année à ce projet, à l’exception de l’été
qu’il consacre à d’autres tâches. Il est souvent assisté d’un autre
Plouguernéen, pinseyeur (Pionnier dans l'art du pinsé, qui utilise bois flottés
et objets rejetés sur l'estran) et sculpteur.
Quand les visiteurs lui demandent des explications sur son
travail, François Breton se plaît à répondre que « ce sont des sculptures
vitales, des monuments offerts à tous et qui deviennent aussi nécessaires que
la vision des menhirs, dolmens, croix et autres calvaires, comme un dialogue
entre l’homme, la terre et le ciel ».
« Ma sculpture a un sens au-delà de l'esthétique. Elle a un rôle presque médical et pérennise une société qui disparaît. Les expositions sont artificielles et ne servent à rien. Je préfère la sculpture monumentale. Là, mes ouvres sont vues par tous dans un contexte utile. » François Breton peuple Plouguerneau et les bourgs environnants de ses statues depuis près de quinze ans. Il renoue ainsi avec ses origines plouguernéennes.