samedi 3 octobre 2015

La découverte du village des Bories est incomparable




Lové sur les pentes des Monts de Vaucluse, à quelques encablures du village de Gordes, le village des Bories, classé monument historique, offre un témoignage inestimable du mode de vie en Provence, depuis les temps reculés jusqu'à nos jours.

 Un chef d'oeuvre architectural : C'est au détour de sentiers pénétrant la garrigue ou des couverts de chênes verts que le visiteur découvre cet ensemble de trente cabanons de pierre sèche ressuscité et restauré par dix années de travail. Ces constructions typiques aux formes pures et simples représentent un chef d'ouvre architectural : le savant empilage de pierres non jointées avec une voûte en encorbellement. De petits cabanons qui reflètent si bien l'harmonie des éléments naturels, desquels émanent un caractère austère et, en même temps, une douceur extrême caressée par l'étonnante lumière de Provence.
Le terme borie a deux acceptions, l'une ancienne ou première, de « domaine agricole », d'« exploitation rurale », de « ferme » ou de « métairie », encore présente dans une bonne partie du Sud-ouest (Dordogne, Lot, Aveyron, Tarn, Tarn-et-Garonne, etc.), l'autre, plus récente, de « cabane en pierre sèche », apparue dans le Sud-est (Bouches-du-Rhône, Vaucluse).

 Sous le nom récent de « Village des bories » existe, à 1,5 km à l'ouest de Gordes (Vaucluse), un ancien groupement d'une vingtaine de cabanes en pierre sèche (montées sans mortier) à vocation agricole et à usage principalement saisonnier, constitué depuis trois décennies en musée de plein air.
À l'initiative d'un particulier, Pierre Viala, la partie sud de ce qui était un quartier éloigné du village proprement dit, connu au cadastre sous le toponyme de « hameau de(s) Savournins » et dans la langue populaire sous l'appellation « Les Cabanes », devait être progressivement rachetée et restaurée entre 1969 et 1976 pour être finalement classée monument historique le 17 octobre 1977.

 Appelées « cabanes » dans le cadastre napoléonien (voir ci-contre), les bâtiments n'ont pris l'appellation érudite de « borie » que durant la deuxième moitié du XXe siècle. Le terme est la francisation et féminisation du terme provençal bòri (masculin) (cf l'occitan bòria, féminin) employé au XIXe siècle dans le sens péjoratif de « masure », de « cahute » (comme l'indique Frédéric Mistral dans son Tresor dòu Felibrige) et ce après avoir désigné une ferme, une métairie ou un domaine rural dans les Bouches-du-Rhône aux XVIIe et XVIIIe siècless (ainsi que l'attestent la toponymie et les documents d'archives). Le mot borie, pris dans l'acception nouvelle de cabane en pierre sèche, a été popularisé par des érudits provençaux de la 2e moitié du XIXe et du début du XXe siècle pour habiller linguistiquement et archéologiquement un objet d'étude purement ethnologique et par trop contemporain.

La présence de 20 bâtiments en carène renversée ou en portion de carène renversée donne au site une certaine homogénéité architecturale (outre l'emploi d'un seul et même matériau, la pierre, et le recours à un seul mode de construction, la maçonnerie à sec).
La nef gordoise est un type de bâtiment dont la plus grande concentration s'observe à l'ouest de Gordes, mais dont quelques exemplaires sont visibles dans d'autres communes du Vaucluse. Une telle concentration doit s'expliquer par la conjugaison du facteur géologique et lithographique et des nécessités agricoles locales aux siècles passés.

 On a affaire à une grange polyvalente se prêtant à de multiples utilisations et réutilisations : habitation saisonnière, voire permanente, grange à paille, grenier à grain, étable, bergerie, magnanerie, resserre, etc.
L'énumération des fonctions montre bien le rôle essentiellement agricole de l'ancien hameau. Ce rôle est confirmé par ailleurs tant par les vestiges d'anciennes plantations — souches de mûriers, d'amandiers et d'oliviers — que par la tradition locale à Gordes.
Selon les témoignages des gens du pays, il se pratiquait au XIXe siècle une polyculture typiquement méditerranéenne — céréales associées à l'olivier, l'amandier, le mûrier et la vigne, truffes, plantes aromatiques — à laquelle s'ajoutaient l'élevage d'ovins, la sériciculture et l'apiculture, sans oublier le travail du cuir à façon comme l'attestent les abondants vestiges de semelles trouvés sur place.


L'origine des Bories : Des essais de datation ont été pratiqués sur le site. Ce que l'on sait, c'est que l'origine des bories remonte à l'âge du bronze. Concernant le village lui-même, plusieurs thèses ont vu le jour pour interpréter son âge. Il aurait été construit, selon certains, après la chute d' "Apta Julia" aux alentours du VIIème siècle. Pour d'autres, au regard des objets et monnaies trouvés sur le site, celui-ci ne peut être antérieur au XVème. D'autres vestiges, comme les céramiques, datent, elles, du XVIIIème. Il est possible que le lieu ait été occupé et réaménagé à plusieurs reprises, également. Une chose est sure, les constructions les plus récentes datent du XIXème siècle. Présenté aujourd'hui comme un musée, il regroupe aussi une exposition d'objets et d'outils traditionnels ainsi qu'une présentation de l'histoire des Borie et de l'architecture de la pierre sèche en France et dans le monde.
"BORIE" est la francisation du mot provençal "BORI" synonyme de "casau"(masure, cahute) Il s'agit d'abris en pierres sèches utilisés comme refuge lors de la grande peste mais qui avaient presque exclusivement une vocation agricole.
Les paysans et les bergers faisant leur labeur souvent loin de chez eux avaient besoin d'un endroit où déposer leur matériel ou abriter le bétail par mauvais temps.
Les bories sont faites de pierres plates "les lauses". Chaque rangée de pierres avance  sur la rangée inférieure de la moitié de son épaisseur. Il n'y a ni poutre ni coffrage.
La plupart des bories n'avaient pas de porte dont l'entrée est bien sûr au sud afin de protéger les occupants du mistral, c'est à partir du XIXe siècle qu'on ferma certaines de la sorte.
Ces cabanes typiques on en compte quelque 3000 exemplaires entre le Luberon et le Ventoux. Certaines forment ainsi des villages  entiers, comme celui des Bories de Gordes qui comprend 5 groupes de  maisons. La porte n'a pas de gonds mais pivote sur  un montant prenant appui  dans un trou creusé dans la pierre du  seuil.



Restaurées dans les années 1970, certaines avaient une cheminée et des placards. Lors des fouilles on a retrouvé des outils et des objets d'utilisation courante.
Sur les premières pentes des Monts de Vaucluse, face au Luberon, le village des Bories, avec ses bergeries, ses fours à pain, cuves à vin, aires à battre le blé, ruelles, enclos et murs d'enceinte, témoigne de l'activité laborieuse d'innombrables générations. Près de 3000 années de continuité, puisque l'origine des bories remonte à l'âge du bronze, et que les plus récentes ont été construites au XVIIIème siècle. Le Village des Bories, classé monument historique en 1977, constitue le groupement le plus important de cet habitat de pierre sèche, caractéristique du pays d'Apt, dont la plus forte concentration se trouve sur le territoire de Gordes.
Abandonné depuis plus d'un siècle, envahi par la végétation, le village avait subi les atteintes du temps et souffert de graves déprédations. Il était urgent de le restaurer et de préserver ce rare exemple d'architecture spontané heureusement intégrée au site par l'utilisation du matériau brut dans l'économie des moyens et des formes. Il est maintenant protégé, mais ouvert aux visiteurs. Organisé en musée d'habitat rural, il abrite une collection d'objets et d'outils traditionnels de la région, et réunit une documentation sur le passé de Gordes, sur les bories et l'architecture de pierre sèche en France et dans le monde.