samedi 20 février 2016

îlot rocheux consacré à saint Michel


Merveille de l'Occident, le Mont Saint-Michel se dresse au cœur d'une immense baie envahie par les plus grandes marées d'Europe. C'est à la demande de l'Archange Michel, "chef des milices célestes", qu'Aubert, évêque d'Avranches construisit et consacra une première église le 16 octobre 709. En 966, à la demande du Duc de Normandie, une communauté de bénédictins s'établit sur le rocher. L'église préromane y fut alors élevée avant l'an mil.

Au XIème siècle, l'église abbatiale romane fut fondée sur un ensemble de cryptes, au niveau de la pointe du rocher et les premiers bâtiments conventuels furent accolés à son mur nord. Au XIIème siècle, les bâtiments conventuels romans furent agrandis à l'ouest et au sud.


Au XIIIème siècle, une donation du roi de France Philippe Auguste à la suite de la conquête de la Normandie, permit d'entreprendre l'ensemble gothique de la Merveille : deux bâtiments de trois étages couronnés par le cloître et le réfectoire.

Au XIVème et XVème siècle, la guerre de cent ans rendit nécessaire la protection de l'abbaye par un ensemble de constructions militaires qui lui permit de résister à un siège de plus de trente ans. Le chœur roman de l'église abbatiale, effondré en 1421 fut remplacé par le chœur gothique flamboyant à la fin du Moyen-Age.


Ce grand foyer spirituel et intellectuel fut avec Rome et Saint-Jacques de Compostelle l'un des plus importants pèlerinages de l'Occident médiéval. Pendant près de mille ans des hommes, des femmes, des enfants sont venus, par des routes appelées "chemin de Paradis", chercher auprès de l'Archange du jugement, peseur des âmes, l'assurance de l'éternité.


Devenue prison sous la Révolution et l'Empire, l'Abbaye nécessitera d'importants travaux de restauration à partir de la fin du XIXème siècle. Elle est confiée depuis 1874 au service des monuments historiques.

La célébration du millénaire monastique en 1966 a précédé l'installation d'une communauté religieuse dans l'ancien logis abbatial perpétuant la vocation première de ce lieu ; la Prière et l'Accueil. Les Frères et les Sœurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem assurent cette présence spirituelle depuis 2001.


Parallèlement au développement de l'abbaye un village s'organise dès le Moyen-Âge. Il prospère sur le flanc sud-est du rocher, à l'abri de murailles remontant pour la plupart à la guerre de Cent ans. Ce village a depuis toujours une vocation commerciale.

Inscrit au "Patrimoine Mondial" par l'Unesco en 1979, ce haut lieu touristique reçoit aujourd'hui plus de 2,5 millions de visiteurs par an. Le Mont-Saint-Michel est une commune française située dans le département de la Manche en Normandie qui tire son nom d’un îlot rocheux consacré à saint Michel où s’élève aujourd’hui l’abbaye du Mont-Saint-Michel. En 2013, la commune comptait 41 habitants, appelés les Montois.

L’architecture du Mont-Saint-Michel et sa baie en font le site touristique le plus fréquenté de Normandie et l'un des dix plus fréquentés en France et même le premier des sites après ceux d'Île-de-France avec près de deux millions et demi de visiteurs chaque année (3 250 000 en 20063, 2 300 000 en 2014). Une statue de saint Michel placée au sommet de l’église abbatiale culmine à 170 mètres au-dessus du rivage. Élément majeur, l'abbaye et ses dépendances sont classées au titre des monuments historiques par la liste de 1862 (60 autres constructions étant protégées par la suite) ; la commune et la baie figurent depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.


En 1846, Édouard Le Héricher le décrivait ainsi : « Le Mont Saint-Michel apparaît comme une montagne circulaire qui semble s’affaisser sous la pyramide monumentale qui la couronne. On voudrait prolonger sa cime en une flèche aiguë qui monterait vers le ciel (la flèche actuelle ne date que de 1899), dominant son dais de brouillards ou se perdant dans une pure et chaude lumière. De vastes solitudes l’environnent, celle de la grève ou celle de la mer, encadrées dans de lointaines rives verdoyantes ou noires. » (L’Avranchin monumental et pittoresque, t. 2, 1846).

Depuis ce mercredi 10 février 2016, la baie du Mont-Saint-Michel se remplit à la vitesse d'un cheval au galop... Les grandes marées ont une nouvelle fois rendu le Rocher à la mer, battu par les vagues à la grande joie des touristes.

Jeudi 11 février, 8h30, la navette arrive au terminus du pont-passerelle. Le passeur freine en émettant le grondement d'un paquebot arrivant à bon port. Une poignée de touristes descend sur le pont qui flotte au milieu des eaux. De chaque côté, la mer opale à perte de vue sous un ciel anthracite. Les visiteurs se figent face à la silhouette imposante du Mont-Saint-Michel. Respect. La pose photo s'impose.


« Tu crois qu'on peut passer ?”, dit une touriste à son amie. Les deux femmes marchent à pas forcé jusqu'au bout du pont qui boit la tasse. Le mince filet de terre qui relie le Rocher au continent est en train de s'effacer sous l'assaut des vagues. Les touristes qui ont prévu leurs bottes s'élancent à travers les eaux et gagnent l'autre côté. Elles laissent sur le pont les visiteurs en baskets et chaussures de ville, hypnotisés par la montée des eaux. Les vagues viennent frapper le platelage en bois du pont-passerelle, comme si Neptune s'improvisait joueur de marimba. Les jets d'eau éclaboussent les pieds des touristes émerveillés par les facéties de dame nature.

« C'est très beau, c'est magnifique !”, confie une femme venue assister au spectacle. “C'est la première fois que je le vois entouré d'eau.” La famille bretonne ranime la vieille querelle sur l'appartenance du Mont. “Alors Breton ou Normand ?” Normand, ça c'est sûr, mais avec les grandes marées, le Couesnon est noyé. Posé ainsi au milieu des eaux, sans terre, ni frontière, le Mont appartient à tout le monde.


Le pèlerinage du mont Saint-Michel est attesté au IXe siècle et il est vraisemblable que les miquelots trouvent à cette époque le gîte et le couvert dans l'une des auberges du village, apparues pour les accueillir au pied du mont. Le village s'est ainsi développé à l’ombre de son abbaye médiévale, se développant au tournant de l'an mille grâce à la protection des abbés bénédictins.

L’économie du Mont est tributaire, depuis douze siècles, des nombreux pèlerinages, notamment jusqu’à la Révolution française. On vient de toute l’Europe du Nord en pèlerinage à l’abbaye : depuis l’Angleterre, la France, notamment du nord et de l’ouest.

Le bâtiment de la Merveille, souvent évoqué comme le fleuron de l’architecture de l’abbaye, est le témoin de la maîtrise architecturale des bâtisseurs du XIIIe siècle qui réussirent à appuyer sur la pente du rocher deux corps de bâtiments de trois étages. Des dispositions techniques précises ont permis cette réalisation. Au rez-de-chaussée, l’étroit collatéral (Collatéral : Vaisseau latéral de la nef d’un bâtiment) du cellier a un rôle de contrebutement. Ensuite, les supports des deux premiers niveaux du bâtiment occidental se superposent. Enfin, les structures sont de plus en plus légères au fur et à mesure que l’on progresse vers le sommet. A l’extérieur, le bâtiment est soutenu par de puissants contreforts (Contreforts : Piliers élevés en saillie contre un mur pour l’épauler. 


Les grands principes de la vie monastique ont aussi influencé l’organisation et l’architecture des bâtiments. La règle de saint Benoît (Règle de saint Benoît : Edictée par Benoît de Nursie au VIe siècle pour son monastère du Mont-Cassin (Italie), cette règle prescrit la prière et le travail ; elle est observée, entre autres, par les bénédictins), à laquelle se conformaient les moines du Mont, prévoyait qu’ils puissent consacrer leur journée à la prière et au travail. Les pièces ont été organisées autour de ces deux activités en respectant le principe de la clôture, c’est-à-dire l’espace réservé aux moines. Ainsi, fidèles à ce principe, les pièces destinées à recevoir des laïcs ont été installées aux rez-de-chaussée et premier étage de la Merveille. Deux grands impératifs ont donc prévalu lors de la construction de l’abbaye du Mont-Saint-Michel : les exigences de la vie monastique et les contraintes topographiques.

 

mardi 16 février 2016

La Sainte Ouine 2016


Officiellement, la Sainte-Ouine se tient jusqu'à dimanche. Cette date est inscrite sur toutes les affiches dans la ville et autres sites internet. « Oui mais la dernière semaine a toujours été facultative », rappelle Guillaume Loiseau, adjoint au maire chargé du dossier. Résultat, tous les ans, le pied des remparts se dégarnit au fil des jours. Les forains qui ont levé le camp sont partis s'installer à Dinan, Cherbourg ou encore Avranches. Certains le font d'autant plus que l'emplacement pour cette semaine coûte 30 % plus chers que pour les quatre précédentes. Impossible de regrouper ceux qui restent pour donner un aspect plus accueillant au site, car il faudrait trop de temps pour démonter et remonter chacune des attractions.

Saint-Malo : La Sainte-Ouine, le retour ! La célèbre fête foraine de Saint-Malo sera ouverte du samedi 16 janvier au dimanche 14 février (2016).
Mais pour voir un peu le verre à moitié plein, la grande roue, nouveauté de cette édition, permet d'avoir une vue plongeante sur les remparts et les bateaux des bassins de la mer. Entre deux averses attendues ce week-end, la grande roue offre de la hauteur pour mieux admirer la cité corsaire.

Les irréductibles forains restants démonteront dimanche soir et les parkings devraient être libérés dans la journée de lundi. Le stationnement pourra alors reprendre normalement pour la suite des vacances. La bonne nouvelle, c'est qu'il est gratuit. La mauvaise nouvelle pour les gourmands, c'est que la rumeur de croustillons à l'année est fausse. La cabane d'Hector et ses délices sucrés ont beau être malouins, ils replient aussi, ce dimanche soir.

Beaucoup d'encre a déjà coulé à propos de l'origine de la fête de la Sainte-Ouine. Celle-ci proviendrait du culte de Saint-Ouen, conseiller du roi Dagobert 1er et ami de Saint-Éloi. Une autre hypothèse est apparue récemment qui nous ramène au pays de Galles, berceau de la spiritualité bretonne. C'est là-bas, dans l'île d'Anglesey, que naquit au Ve siècle une certaine Dwynwen, fille du roi Brychan. A la suite d'un amour déçu, elle se retira sur la petite île de Landdwyn, après avoir demandé à Dieu de veiller sur tous les amours sincères.
Après sa mort, sa chapelle fut l'objet d'un culte important qui se répandit en Bretagne où elle fut connue comme Santez Twin ou Sainte Twina de la mer. Son nom était associé à plusieurs pardons et resta longtemps dans la mémoire populaire avant d'être oublié par l'Histoire. Il est probable que son culte fut confondu avec celui de Saint-Ouen, évêque de Rouen, qui n'a cependant jamais eu aucun lien avec les gens de la mer.

La chapelle Sainte-Ouine, de Pleudihen-sur-Rance, en est le dernier vestige existant dans notre région. Sainte Dwyn est devenue aujourd'hui la sainte patronne des amoureux au pays de Galles. Sa fête est célébrée le 25 janvier.

Espace privilégié d’échanges et de commerce jusqu’au XVIIIe siècle, la foire devient au XIXème siècle un lieu festif, consacré essentiellement au divertissement. Cette transformation est le reflet du changement de régime politique et économique opéré dans la société.

D’abord avec la Révolution Française, qui insuffla sa nouvelle idéologie de liberté et de laïcité aux grandes manifestations populaires, succédant aux fêtes religieuses ; ensuite avec la Révolution Industrielle, qui provoqua le déplacement en masse des populations rurales vers les centres industriels des grandes villes.

L’urbanisation entraîne le déracinement des gens et la perte des valeurs traditionnelles, laissant un vide et la voie libre à des idées laïques basées sur la nouveauté et la modernité. On assiste alors à la naissance d’un phénomène social : la Fête Foraine.
Entre 1850 et 1900, elle devient le canal privilégié pour véhiculer une nouvelle image du bonheur, née de l’idée du Progrès dans une société qui aspire au Paradis Moderne. En même temps qu’elle diffuse les nouveautés de l’ère industrielle, la Fête Foraine offre à ces populations, victimes de l’industrialisation, une échappée dans un univers de liberté, d’excès et de rêverie baroque. À son apogée à l’ère de « la Belle Époque », la Fête Foraine apparaît comme le miroir des désirs de tous ceux qui veulent s’émerveiller ou s’encanailler.

Tel un puzzle, l’Art Forain est la fusion de la foire ancienne, de la fête de cour, des fêtes populaires et religieuses, de l’univers des contes de fées, de la fête révolutionnaire et de la vie quotidienne. C’est à toutes ces racines qu’il va puiser afin de donner naissance à un art nouveau.
Perméable à tous les courants, l’Art Forain trouve son originalité dans les transpositions et chevauchements de styles: l’antique, le néo-classique, le baroque, le romantique, le symbolique, le folklorique, le réaliste. Alliant universalité et traditions locales, l’Art Forain régénère tous les styles avec bonheur et gaîté. Il en sort un art du sublime excès que réinvente une atmosphère extravagante et ultra baroque.

Après la 2ème Guerre, on constate la disparition progressive de la plupart des théâtres, musées, ménageries, cinématographes et autres, car ces spectacles nomades quittent la scène foraine pour se sédentariser. Sur le champ de foire subsistent encore les jeux (loteries et tirs), mais on voit se développer de plus en plus d’attractions où dominent les sensations de vertige et de vitesse.
De l’étonnement et de l’invitation au voyage immobile d’autrefois, la Fête Foraine actuelle est passée à la proposition d’une aventure physique, avec des attractions mettant le public dans des situations extrêmes et capables de susciter chez lui l’esprit de performance et d’exploit sans risque.
La Fête Foraine invite à chaque instant au voyage et propose tous les moyens de partir : par terre, par l’eau, par l’air et par le rêve. Dans le temps d’un tour de manège, tout devient possible : on peut s’aventurer sur les routes à cheval, à vélo, en voiture, en moto et en train; on peut se lancer à l’eau et devenir matelot, canotier ou gondolier; on peut goûter l’ivresse de l’air en montgolfière et en avion ou côtoyer la lune et les étoiles à bord d’une fusée.

Chaque apparition d’un nouveau mode de locomotion suscite l’étonnement, depuis les trains, les voitures, les motos, les hélicoptères jusqu’aux fusées et soucoupes volantes. Toujours dans l’esprit de modernité, les forains ont largement utilisé ces découvertes pour rendre leurs manèges plus attractifs et ont contribué à les populariser. Dans la même année de l’invention de la bicyclette (1861), on voyait plus de vélos sur les manèges que sur les routes.