mardi 10 juillet 2012

Paul REBEYROLLE, l'incontournable




Artiste incontournable de la seconde moitié du XX° Siècle, Paul REBEYROLLE (1926-2005) a développé pendant plusieurs décennies une oeuvre organisée par séries successives interrogeant sans compromission la nature, le politique, la société et ses travers, en se réappropriant les catégories classiques de la peinture: portraits, paysages, natures mortes, et jusqu'à une forme contemporaine de la peinture d'histoire.
 La carpe et le lapin (2003) - série "Clônes"

 vue générale d'une des quatre salles du premier étage du Château de Chambord

 Dansons la capucine (1985)

Glissade (1985)
Violent, passionné, irréductible aux modes et aux usages, son travail assigne à l'art une mission essentielle: celle de faire surgir sur la toile, la réalité même, hors de toute concession au bon goût, avec une soif de liberté qui ignore les limites.
 Manipulation (1987) - série "Aux royaume des aveugles"

 vue générale d'une salle et de l'escaleir à double révolution, au premier étage du château de Chambord

 Le voleur (1983) - série "Le sac de Madame Tellikdjian"

L'arrière-cour (1983 - série "Le sac de Madame Tellikdjian"

La violence du monde n'a d'égale que la violence faite à la représentation elle-même; l'artiste s'approprie tout ce qui passe à sa portée: tissus, grillages, colles, cartons, qui révèlent une beauté rageuse devant laquelle le spectateur ne saurait conserver une positin confortable, en retrait.
Les souliers 1980) - série "Les Evasions manquées"

vue générale de l'exposition

La liberté perdue (1979) - série "Les Evasions manquées"

La peinture de Rebeyrolle au sens propre, s'expose et embarque avec elle celui qu'elle croise. Elle rejoint en cela la lignée des grands peintres tant admirés de l'artiste, du Caravage à Courbet, en passant par Rubens, Géricault et Delacroix.
Homme saignant du nez (1980) - série "Les Evasions manquées"

Nu aux ecchymoses (1980) - série "Les Evasions manquées 

 vue d'ensemble d'un mur présentant deux toiles de Rebeyrolle

Les titres des trois séries ici représentées attestent la visée éminemment politique des toiles rassemblées: "Nature morte et Pouvoir", "Faillite de la science bourgeoise", "Les Evasions manquées", autant de programmes sans équivoque qui font écho à la violence du monde, à la domination des puissants, à la souffrance des opprimés.
 Dedans-Dehors (1974) - série "Faillite de la science bourgeoise"

Nature morte et pouvoir I (1975) - série "Natures mortes et pouvoir"

 Aliénation totale (1977) - série "Natures mortes et pouvoir"

L'artiste répond à cet état de fait en brutalisant la toile, en distordant la représentation, en collant sur la surface des matières brutes (terre, tôles, linges, ficelles, rebus divers rejetés par notre société), aux antipodes du bon goût et du travail léché.
 D'oeuf et de chair (1986)

 Jeu d'amour (1986) - série "Germinal"

Le petit commerce (1999) - série "Monétarisme"

La série intitulée "Le Sac de Madame Tallikdjian" manifeste la dimension socio-politique d'une part de l'oeuvre de Rebeyrolle. Les différents épisodes abordés sont liés par la présence symbolique d'un sac jaune fatigué, ayant appartenu à une vieille Arménienne proche de l'artiste, qui fonctionne ici comme emblème des apatrides, humiliés, agressés, enfermés dans un "espace de l'exil, sans autre lumière que celle qui filtre de la profondeur des gris" (Jacques Dupin)
 Les bavards XII (1980) - série "Le sac de Madame Tellikdjian"

 Les mains tendues (1987)

 Faites-nous confiance (1987) - série "Au royaume des aveugles"

Soumise à la violence d'un espace quasi carcéral, réduite à son seul bien en lisière de disparition, Mme Tallikdjian (ou son sac qui constitue sa représentation métaphorique) devient l'archétype de la victime, systématiquement représentée dans la partie inférieure du tableau.
Affirmatif (1987)

 Les magistrats II (1990) - série "Les Panthéons"

La stèle (1994) - série "Les Panthéons" 

En lui refusant la position verticale, le peintre affirme par la posture même de son sujet son écrasement sous le joug d'une violence qui n'a d'égale que la violence de la représentation elle-même, refusant toute compromission pour exprimer comme telles ces scènes d'aliénation.
D'or, d'argent et de marbre (1991) - série "Les Panthéons"

 Le chien blanc (2000)

La banalité du crime, ici, ne suscite pas l'indifférence; bien au contraire, c'est l'humanisme à fleur de peau de REBEYROLLE qui s'exprime dans toute sa vigueur, mais également la technique hors pair d'un artiste passé maître dans l'évocation plastique de l'eau ou des fumées (Glissade, Dansons la capucine).

Osso bucco (2001) 

Informations, les Nouvelles (2003) - série "Clones"