mardi 23 octobre 2012

Où sont les Etats-Unis d'Europe?

10 décembre 2011, Zone euro: la discipline, rien que la discipline!
Les Européens se sont mis d'accord pour renforcer nettement la discipline budgétaire de la zone euro face à la crise de la dette. Le Royaume-Uni qui a refusé un nouveau traité se trouve isolé.
Un nouveau pacte d'Union de stabilité budgétaire: les chefs d'Etat et de gouvernement n'ont pas réussi à s'entendre sur un changement du traité pour réformer la zone euro. Il n'a pas été possible d'obtenir un accord des Vingt-sept compte-tenu de la position des Britanniques qui veulent soustraire  la City de Londres de la surveillance européenne du secteur financier. A l'exception du Royaume-Uni, tous les pays de l'Union européenne soutiennent le nouveau pacte, traité inter gouvernemental sur la discipline budgétaire renforcée. Pour resserrer leur union économique, les Européens laissent les Britanniques au bord de la route.
L'Angleterre n'a jamais cessé d'être une île. De la construction européenne, les Britanniques n'ont jamais fait mystère: c'est la marché unique qui les intéresse. Tout le marché, rien que le marché. Ils ont donc réussi à protéger la City d'une régulation mortelle  que veulent les continentaux. Etrangère à l'esprit d'intégration et de gouvernance, Londres tourne les talons. Voilà qui est bien dans l'âme de ceux qui restent nos meilleurs ennemis.
La Grande-Bretagne, fidèle à elle-même. Quarante années de diplomatie britannique en Europe auraient-elles été balayées par un simple véto? Non, ce que David Cameron a dit à Bruxelles le 13 décembre 2011 n'est que le reflet d'une position sur l'Europe qui n'a jamais changé.
Est-ce que la pacte d'Union de stabilité bugétaire écrit le 10 décembre 2011, qui est un bon accord protège durablement la zone euro?
Il comporte des règles de gouvernance qui lui manquaient. Reste à savoir si les agences de notation qui sont devenues incompréhensibles et irrationnelles ne dégraderont pas la note AAA à la France, quand on constate qu'elles développent plus d'arguments politiques qu'économiques.
En tous cas, suite à la prise de conscience par les marchés que les résultats du pacte d'Union de stabilité budgétaire n'étaient pas à la hauteur de leurs espérances, l'euro chute sous le seuil symbolique de 1.30 dollar. Il faut dire que la résistance face au dollar avait jusque là surpris. La chancelière allemande est acusée d'avoir déprimé les marchés en estimant qu'il faudra des années pour sortir de la crise. Les effets immédiats de cet étalage de désaccords, de cacophonie et de gand déballage d'incompétences européennes, de la grande complexité du processus de décision, de la lourdeur d'un semblant de respect démocratique, de non remède au manque flagrant de gouvernance de la zone euro et de l'UE elle-même renforcent un certain retour au protectionnisme si décrié dans les années 90 par les partisans d'une Europe sans frontières, ouverte aux vents de la mondialisation.
Ils sont de plus en plus nombreux, de gauche et de droite, ceux qui pronnent un protectionnisme "intelligent", "moderne" et demandent la révision des règles de concurrence qui ont empêché l'émergence de champions européens et abouti  au démentèlement de grands groupes industriels, notamment.
Sur le front de la guerre de l'euro: La Grèce a fait vivre un été 2011 en enfer à tout le continent européen. Les Vingt-sept vont de réunion de crise en sommets de la dernière chance. La mort de l'euro n'est plus un tabou. Comment gérer une telle tempête financière?
De juillet 2011 à février 2012: 8 mois de crise parmi les 30 mois où elle est étallée sur la place publique: des sommets, des réunions bilatérales, des G20 torpillés par le psychodrame grec et des tensions européennes... et la presse anglo-saxoned'épingler les acteurs français notamment qui se démènent pour apporter des solutions, mais chacun sait que ces flèches sont considérées illégitimes par leur origine. Une grande partie de la crise de l'euro a été gérée à partir de l'Elysée, aidé par le ministre des finances (Barrouin) qui n'a pas hésité à monter à l'assaut contre David Cameron juste après son coup d'éclat au sommet de Bruxelles du 9 décembre 2011. Barrouin déclarait de façon peu diplomatique qu' "au niveau économique, il vaut mieux être Français que Britannique!" Outre-Manche, on n'a de cesse de proférer des jugements au vitriol sur l'euro et la France.
Toutes ces algarades au moment où le fameux "triple A" français, érigé en trésor national était sur le point d'être perdu. A cette époque on évaluait le coût de la perte du "triple A" à 1.7 milliard d'€ la première année et à 14 milliards au bout de sept ans!
On notera que F. Hollande dans sa grande lucidité veut bâtir un socialisme ouvert sur le monde, soucieux des deniers publics, à la scandinave. mais il est écartelé entre ce que lui dicte sa raison et ce que lui demande une gauche travaillée par des thèmes démondialisateurs, dépensiers et anti européens (Montebourg), cette gauche qui est le parti du ressentiment plus que celui de la justice.
L'Europe veut-elle renouer avec la croissance? 13 janvier 2012: la plus grande agence de notation Standard & Poors (S&P) qui évalue les risques financiers pour les créanciers a dégradé la note de la France de AAA à AA+ (de 20/20 à 19/20). La France empruntait à 3%, ce taux d'intérêt risque d'augmenter, alourdissant la dette publique et le taux d'intérêt des emprunts des entreprises, publiques et privées, des collectivités locales et des ménages devrait croître. Paradoxe, c'est S&P qui mettait en garde en rappelant que le procéssus de réformes basé sur le seul pilier de l'austérité budgétaire va à l'encontre du but recherché entraînant l'érosion des recettes fiscales.
Le 16 janvier 2012, Moodys maintient son triple A à la France et S&P continue quant à elle à créditer la France d'une économie riche ainsi que d'une main d'oeuvre hautement qualifiée et productive...!!!??? En réalité S&P accable surtout l'ensemble des pays de la zone euro, incapables de s'entendre pour sortir de la crise. Notre note AA+ va provoquer le blocage de la négociation avec les créanciers de la Grèce, qui accroît les incertitudes sur la zone euro.
L'Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas, le Luxembourg conservzent leur triple A, S&P a dégradé neuf pays de la zone euro dont le Portugal, l'Espagne et l'Italie. L'agence s'inquiète du fossé qui se creuse entre le nord de l'Europe et le sud, où les perspectives de reprise sont faibles. Or, sans activité économique, pas de rétablissement des finances publiques. Certes, il faut réduire les déficits mais, sans sacrifier la croissance. Plus que jamais la France doit aider les entreprises et la recherche dans une dynamique européenne.
Et pendant ce temps, les Grecs sont à la recherche d'une vie plus simple, la crise financière, économique et maintenant sociale a bouleversé leur vie quotidienne. La crise grecque menace toujours d'embraser l'Europe et le monde, de plans de sauvetage en plans de rigueur, les Grecs sont au bord de l'explosion.
La Grèce: 10.8 millions d'hab. dont 4.1 millions à Athènes. Taux de chômage: 17.6 % (9.8 % en France). Dette publique: 145 % du PIB (82 % en France).
La mentalité du Grec moyen: "Pourquoi donnerais-je mon argent à l'Etat alors qu'il ne fait rien pour moi?"

Mi-février 2012: le dialogue est en panne là où la démocratie est née.
Deux ans d'enfer. Quatre plans de rigueur, des baisses de salaire, des retraites réduites, des hausses d'impôts. Trois plans d'aide de l'Union européenne et du FMI pour remettre le pays sur la voie du redressement. Et l'impression persistante que tout ça ne sert à rien. Alors la colère des Grecs explose, des manifestations violentes et la crise économique se double d'une grave crise politique. La coalition au pouvoir se fissure, c'est tout le système politique grec qui est ébranlé.
J'ai hâte de rédiger la prochaine synthèse de ce que les Etats pas si unis de l'Europe ont fait au printemps et en été 2012... pour que la situation globale s'améliore et que des lueurs d'espoir sur nos années à vivre pointent leur nez!