mercredi 13 novembre 2013

Bar-le-Duc (Meuse)

 la compote que j'ai faite chez maman, à Nubécourt, à 22 km de Bar-le-Duc, le 2 novembre 2013
Au cœur de la Lorraine champenoise, Bar-le-Duc est labellisée « ville d’art et d’histoire »,  cette ancienne cité ducale à l’élégante Renaissance dissimule dans sa Ville haute de précieux témoignages de l’architecture du XVIe siècle qui font de ce quartier un des ensembles urbains Renaissance les plus remarquable de France. 


Et la ville basse recèle bien des trésors : les places, les ponts, les cours d’eau, à Bar-le-Duc, il y a l’art et la manière où les doigts de fées continuent à filer la laine et épépiner la groseille à la plume d’oie.

La Place Reggio (XVIIIe siècle) : créée tardivement à la fin du XVIIIe siècle, la place Reggio joue un rôle pivot au cœur de la ville basse. Située à l’intersection de deux quartiers anciens, elle ouvre d’un côté sur la Neuve-ville et ses rues alignées, de l’autre sur le quartier du Bourg et la façade monumentale de la préfecture. Par son nom et la statue qu’elle présente, elle honore un enfant du pays qui s’illustra au cours des campagnes napoléoniennes : le maréchal Oudinot, duc de Reggio.


À cet emplacement, se trouvaient  au Moyen-Âge des jardins, l’enceinte et le fossé démarquant la limite du « Burgum Barri ». La création d’un nouveau quartier au XIVe siècle met le site au cœur de la nouvelle agglomération voulue par le duc Robert le Magnifique. À partir du XVIIe siècle, le terrain est couvert de bâtiments constituant le couvent des Dames de la congrégation de Notre-Dame. 


À la révolution, la vente de ce bien national permet à la municipalité de créer l’Hôtel de ville et la place qui manquaient pour structurer la Ville basse. La maison commune s’installe dans une partie de l’ancien couvent avant son transfert et sa démolition en 1868. C’est au début du XXe siècle que la préfecture demande à l’architecte Royer d’édifier une façade digne de sa vocation et de la place qu’elle ferme. Les terrains situés sur les deux grands côtés sont divisés en lots, mis en vente pour la construction d’habitations qui doivent toutes être édifiées sur un modèle et une hauteur uniforme.


En 1857, la place prend sa dénomination actuelle en souvenir du titre porté par Nicolas-Charles Oudinot depuis la bataille de Wagram en 1809.  Ce dernier est honoré grâce à la statue élevée par souscription publique en 1850, trois ans après son décès. Réalisé par le sculpteur Jean-Baptiste Debay, ce portrait en pied du maréchal était à l’origine installé au centre, sur un piédestal en marbre orné aux angles de quatre génies et, sur ses faces, de quatre bas-reliefs en bronze retraçant les hauts faits de sa carrière militaire. Après la chute de l’Empire, le ralliement rapide d'Oudinot au nouveau régime lui permet de conserver des fonctions d’honneur dans les administrations parisiennes. Fidèle à sa ville natale, il s’attache alors à défendre les intérêts des Barisiens, notamment lors de l’élaboration des grands chantiers nationaux (chemin de fer, canal) ou locaux.



Le monument des Michaux (XVIII-XIXe siècles) : à l’emplacement d’une ancienne fontaine, un monument élevé en 1894 par souscription publique honore la mémoire des Barisiens Pierre et Ernest Michaux, inventeurs et propagateurs du vélocipède à pédales. Ce monument marque également l’entrée du quartier du Bourg.
Un enfant joufflu représentant le génie du vélo, placé devant un vélocipède, vante l’invention de la pédale par les Michaux père & fils en 1861, permettant ainsi au cycle d’évoluer de la draisienne vers le vélocipède. 


Malgré l’inscription apocryphe, l’avènement du cyclomoteur au XXe siècle ne doit rien à ces Barisiens, anciens réparateurs de fiacre reconvertis dans le commerce de ce nouveau moyen de locomotion. Conçu par Edouard Houssin, l’ensemble sculpté en bronze fut fondu en 1942 et restitué peu après la Seconde guerre mondiale.



Le monument commémoratif remplace une fontaine édifiée en 1756 pour pourvoir aux besoins de ce quartier. Venant des sources de Popey, l’eau sera néanmoins déclarée dangereuse à la consommation et interdite en 1781. Une pompe alimentée par un puits permit toutefois aux habitants de trouver de l’eau à cet emplacement jusqu’au XIXe siècle. Cet ensemble bâti dans un angle incurvé présente une structure classique associant pilastres ioniques, niche à coquille, cartouche rocaille et fronton triangulaire.


Caturiges et les origines de la ville
Hormis quelques vestiges celtes antérieurs, les témoignages d’une occupation du site de Bar-le-Duc datent du 1er siècle de notre ère. Fondée sur la rive droite de la rivière Ornain, Caturiges n’est alors qu’un relais de poste gallo-romain - une « statio » - sur la route de Reims à Toul au cœur du territoire des Leuques.



La voie prétorienne qui traverse Caturiges correspond au tracé de l’actuelle rue des Romains. Attestée dans les textes par la table de Peutinger, grande carte de géographie des itinéraires de l’Empire romain au IIe siècle, Caturiges tire sans doute son nom de la divinité gauloise « Caturix ». Elle se développe sur un axe de passage au fond de la vallée de l’Ornain. Constituée d’une maison de poste (mutatio), d’une hôtellerie (mentio) et de quelques maisons d’artisans et de commerces, l’agglomération s’installe autour d’une dérivation du Naveton. 



Les fouilles archéologiques menées dans ce quartier lors des grands chantiers du XIXe siècle (chemin de fer, canal) ont mis au jour de nombreux objets conservés depuis lors au musée barrois : monnaies, statuettes, stèles funéraires…

Alors que Nasium – la plus grande cité gallo-romaine de la civilisation leuque – perd peu à peu de son importance, la petite bourgade s’étend vers l’amont et prend le nom de Barrivilla  au Haut Moyen-Âge. 



Au moment de sa christianisation, un premier sanctuaire, rattaché au diocèse de Toul, s’élève dans ce faubourg. Après le passage dévastateur des Huns en 451, la ville mérovingienne croît et s’étend de part et d’autre de l’Ornain créant un nouveau quartier accolé à la colline de Bar : le Burgum Barri. En aval, le quartier Couchot, cœur de l’ancienne Caturiges, tire son nom de sa situation à l’ouest, au couchant de la ville actuelle.