vendredi 14 avril 2017

Des champs de tulipes jusqu’aux Bigoudènes de Saint-Gué


1 -  A deux pas de l'océan, érigée sur un léger promontoire qui domine la campagne environnante, voici la chapelle de Tronoën. Comme sortie de terre par je ne sais quelle audace, la flèche granitique de ce monument religieux, fait fi du temps et des intempéries. Construite vers la moitié du XVème siècle, elle garde toute son élégante sveltesse.




Mais alors que dire de la beauté du calvaire qui m'accueille au parvis de la petite église ? Ce serait le plus ancien des grands calvaires de Bretagne. Ses sculptures de fines dentelles de granit courent le long de deux frises. A la manière d'une bande dessinée des temps modernes, ces frises relatent la vie de la Vierge Marie et celle de Jésus Christ, depuis l'Annonciation à Marie jusqu'à la mort du Christ. Il est sur la Croix, crucifié comme les deux larrons qui sont à ses côtés. Dominant la mer, à quelques centaines de mètres dans les terres, la vieille chapelle Notre-Dame de Tronoën, aussi baptisée "la cathédrale des sables", datant du second quart du XVe siècle,  s'élève sur la commune de Saint-Jean-Trolimon. Son calvaire est considéré comme le plus ancien des grands calvaires de Bretagne. Il serait daté entre 1450 et 1470.



2 - Inutile d'aller très loin pour se retrouver au détours d'un chemin Breton pour découvrir que la Hollande s'est délocalisée .... En effet depuis plusieurs années maintenant les champs de Tulipes et de Jacinthes font partie du paysage Breton et particulièrement du "Pays Bigouden". Dès Avril , les bulbes fleurissent et embaument la région !





En cette mi-avril (2017), nous arpentons les champs de sable des environs de la Chapelle de Trnoën. C'est une véritable mosaïque de couleurs. Les tulipes, les jacinthes, les iris sont à la fête. Tels des grands coups de crayons très éphémères, les rangs de fleurs multicolores égayent pendant quelques semaines ces paysages merveilleusement rudes et sauvages de cette baie d'Audierne. Derrière les dunes qui protègent les cultures florales, la mer est à quelques encablures.




 
On entend parfois le bruit des vagues lorsqu'elles déferlent furieusement sur la grève de la Torche. Ce qui est moins connu, c’est que cet endroit fait du Pays Bigouden la première région française pour la production des bulbes de jacinthes et de tulipes. Depuis le début des années 80, les champs de tulipes et autres fleurs à bulbes font éclater la couleur sur plus de 160 hectares de terres laissées auparavant à l'état de friches.





En mars et avril, la senteur suave des jacinthes se mêle maintenant aux effluves de l'océan. Attirées par les sols sablonneux et le climat maritime (365 jours de soleil par an sur 585 environ par rapport à la période synodique de Vénus), deux familles hollandaises (les établissements  Kaptein et Kaandorp) ainsi qu'une entreprise d’Anjou (l'établissement Florimer) se sont lancées dans la production de fleurs à bulbes : jacinthes et jonquilles principalement. La fête des fleurs, organisée depuis 20 ans, de la mi-mars à la fin  avril, attire chaque année des milliers de visiteurs.





Producteur de bulbes aux Pays-Bas depuis 1960, la SARL Kaandorp, entreprise familiale, s’est installée à la Torche, au cœur du pays Bigouden, en 1980. Avec 100 hectares de surface d’exploitation, cette SARL est une des plus importantes exploitations de bulbiculteurs de France. Elle est spécialisée dans la production de tulipes, de jacinthes, d’iris et de zantedeschia. Depuis 1985, la production de fleurs coupées vient s’ajouter à celle des bulbes. Une  mosaïque composée d'un million de fleurs de jacinthes est exposée de la fin mars à la mi-avril dans l'enceinte de l'entreprise. Le sujet de la mosaïque change tous les ans.




3.1 - Les plages mythiques de la Torche, où les surfeurs et autres sportifs de plein air n'obéissent qu'à deux maîtres, le vent et la vague sont tellement immenses qu’on ne voit pas l’extrêmité de ces kilomètres de sable fin parfaitement plat.  A environ 30 km de Quimper, la Pointe de la Torche est une presqu'île située à l'extrémité sud-est de la baie d'Audierne sur la commune de Plomeur dans le pays Bigouden. Au sommet du promontoire granitique se trouve un tumulus couronné de dolmens. Connu sous son nom breton de "Beg an Dorchenn" qui signifie pointe de la Torche, ce site mégalithique du Néolithique a fait l'objet de nombreuses fouilles archéologiques dont l'essentiel des objets sont exposés au musée préhistorique de Pors Carn à Penmarc'h. Dans les temps très lointains, le niveau de la mer était de 10 m plus bas, ce qui faisait de ce site un promontoire surplombant la baie d'Audierne.





Au cours de la seconde guerre mondiale, les Allemands construisirent des blockhaus sur la Torche. La houle déferlante et les courants violents rendent parfois la mer très dangereuse aux abords de ce site. La pointe de la Torche est un des meilleurs spots d’Europe pour les véliplanchistes et les surfeurs. On y vient en effet des quatre coins du monde pour pratiquer le Surf, le Wind surf, le Wave Sky ou encore le char et la planche à voile. Derrière le cordon de galets et de dunes, un espace de plus de 600 ha appartient au Conservatoire du littoral. Il est constitué d'une mosaïque de biotopes différents : grands cordons littoraux de galets, marais, massif dunaires, étangs et prairies. Plus de 310 espèces d'oiseaux y ont été répertoriés. On y trouve aussi toutes sortes de plantes caractéristiques.




3.2 - La pointe de la Torche (Beg an Dorchenn, de son nom breton) est une presqu'île naturelle barrant l'extrémité sud-est de la baie d'Audierne, sur la commune de Plomeur, en pays Bigouden. Ce promontoire garde les empreintes d'une présence humaine au mésolithique (amas coquillier) et au néolithique (tumulus). Le plan d'eau est très fréquenté par les amateurs de sports de glisse. Le promontoire est longuement fréquenté au mésolithique, où le niveau de la mer est plus bas qu'aujourd'hui. Les occupants ont laissé là un important amas coquillier, qui a pratiquement disparu du fait de l'érosion et des fouilles.





Ces hommes se nourrissaient d'huîtres, de palourdes, de coques, de bigorneaux, de berniques, et aussi de crabes, de poissons, de coquilles Saint-Jacques, de peignes et de couteaux. Ils étaient par ailleurs des chasseurs de sanglier et de cerf. On a trouvé des traces de foyers, d'outils et d'une structure d'habitation. On voit s'élever au nord un inselberg, auquel sont adossés le cairn inférieur et le cairn supérieur (ce dernier contenant le dolmen). 




Bien plus tard, un tumulus comportant deux cairns superposés est érigé au sommet du promontoire granitique. Le cairn supérieur contient deux monuments mégalithiques :
  • un dolmen du néolithique moyen, à couloir et à deux compartiments latéraux, où l'on a trouvé des ossements humains datés entre 4500 et 4090 avant notre ère ;
  • « une sorte de couloir-allée couverte » du néolithique final, qui prolonge sur le versant oriental le court couloir du dolmen.