jeudi 13 décembre 2012

Jardin des Explorateurs à RECOUVRANCE

Si ta soif, Brestois, si ta soif est apaisée par cette onde grâce au maire Lunven, gardes-en souvenir dans ton coeur reconnaissant.
Lunven, sieur de Kerbizodec, natif de Recouvrance, maire de Brest, fit construire cette fontaine en 1761, remise en eau en 1992, Pierre Maille étant maire.

La Maison de la Fontaine et la Fontaine Lunven. Bâtie en pierres grises de Kersanton et ocre de Logonna, la Maison de la Fontaine est l'une des plus anciennes de Brest, datant de la fin du XVII ème ou début du XVIII ème siècle. Elle fut la propriété d'Yves Collet, l'un des maîtres sculpteurs les plus réputés de l'Arsenal de Brest.


LE JARDIN DES EXPLORATEURS. A l'origine les plantes étaient utilisées à des fins médicinales et agricoles, et bien plus tard pour leurs qualités esthétiques. Au seizième siècle, l'Italie développe des jardins destinés à cultiver les plantes de manière rationnelle et systèmatique, un souci esthétique relie ces créations utilitaires au grand art des jardins.
Dans la France de Colbert et la Compagnie des Indes, chaque port de France dispose d'un jardin botanique afin d'y accueillir de nombreuses espèces exotiques à acclimater.

Au début du XIX ème siècle, André THOUIN (1745-1824) jardinier en chef au Jardin des Plantes de Paris va contribuer à perfectionner des procédés de culture et vulgariser l'enseignement de la botanique et de l'horticulture.
Sous le Second Empire l'esprit de collection et de choix de plantes exotiques sont les constantes caractéristiques des jardins.

Le jardin botanique de la Marine à Brest.
Dès 1694, l'intendant de la Marine DESCLOUZEAUX avait créé un jardin aux simples dans l'enceinte de l'hôpital de la marine. Les envois de plants par le Jardin du Roi, actuel Jardin des Plantes, permettent d'enrichir les collections. Mais bientôt, dans un mouvement inverse, c'est de Brest, où arrivent les bâtiments des explorations scientifiques et des espèces nouvelles, venues des autres continents, que les plants partent vers Paris.
En 1768, le premier médecin de la marine à Brest, CHARDON DE COURCELLES et l'inspecteur des hôpitaux de la marine POISSONNIER-DESPERRIERES, tous deux membres de l'Académie de Marine, décident de doter le port d'un véritable jardin botanique.

Il est confié à C. LAURENT, jardinier botansite en chef directement issu du jardin du roi, qui va veiller jalousement au développement de son protégé pendant plusieurs décennies, entretenant une correspondance suivie avec Buffon, Jussieu et leurs successeurs. La tradition se poursuit au XIX ème siècle et aujourd'hui le relais a été pris par le conservatoire national botanique de Brest. 


Le transport de graines. Le transport des plantes du temps de la marine à voile.
Les premiers témoignages de transport de plantes par voie maritime remontent à l'Antiquité. De ces temps anciens jusqu'au début du 20 ème siècle, navigateurs, botanistes et horticulteurs n'ont cessé de chercher à améliorer les techniques pour faciliter le transport des plantes par la mer.
Le transport de plants par bateaux était délicat à organiser, car pour vivre les végétaux ont besoin de terre, d'eau et de lumière. Réunir toutes ces conditions, lors de traversées généralement longues, était souvent problèmatique.

 Les végétaux, à la différence des graines, bulbes ou tubercules en dormance, devaient être plantés dans des caisses adaptées à la culture. Ces caisses, installées sur le pont, ne devaient pas gêner les manoeuvres. Lors des tempêtes, elles devaient être faciles à déplacer afin de mettre les plantes en cales pour les préserver des embruns et de l'eau salée. De plus, les plantes devaient pouvoir être facilement protégées des fortes pluies, du soleil et du froid.
L'arrosage s'effectuait soit en prélevant l'eau sur la ration de l'équipage, soit en collectant l'eau de pluie, ou en dessalant l'eau de mer et cela, à partir de 1717 grâce à l'invention de la cucurbite par Jean Gaultier (1673-1763).
Enfin, il fallait éviter que les rats, souris, et vermines présents sur les navires ne puissent s'attaquer aux végétaux.

Il faut attendre 1836 pour qu'un médecin anglais du nom de Nathaniel Bagshaw Ward (1791-1868) conçoive une caisse vitrée étanche qui permette de soustraire les plants aux influences néfastes extérieures. Il est désormais possible de trandporter des plantes "sans les soins de l'homme, pendant les longues traversées". Les caisses de Ward connaîtront un réel succès et seront utilisées jusqu'au début du XX ème siècle par les naturalistes-explorateurs et les principaux Jadins Botaniques pour acheminer des plantes vivantes.

Les bateaux des expéditions spécifiques. Lorsque le roi organisait une expédition scientifique, le choix des bâtiments devait être judicieux, même si parfois les considérations financières l'ont emporté sur les autres: en effet, le bateau devait être sûr, assurer un confort de logement et de travail à des scientifiques souvent exigeants, les commandants se plaindront fréquemment des sautes d'humeur des savants embarqués! Mais aussi garantir la santé des équipages et permettre l'emport de nombreuses denrées et de matériels parfois fragiles et, au retour, le report de plantes, animaux ou curiosités diverses, ici encore délicats à manier.

Bougainville doit faire des prodiges pour aménager sa frégate la BOUDEUSE, mais la machine à dessaler l'eau de mer lui cause quelque inquiétude: "la cucurbite de M. POISSONNIER n'est pas encore arrivée et j'ai peur que cette machine ne tienne beaucoup de place, sans compter qu'elle nécessite l'embarquement de quantité de combustibles et accroît les risques d'incendie." Elle est accompagnée d'une flûte, bâtiment de transport plus renflé mais aussi plus lent, l'ETOILE.

Kerguélen pour ses expéditions partira en 1772 avec deux flûtes, la FORTUNE et le GROS VENTRE, avec lesquelles il découvre l'archipel qui porte son nom, et la seconde fois, en 1773, avec un vaisseau de 56 canons, le ROULAND et l'OISEAU commandé par Rosnevet, qui est remplacé à l'île de France par la DAUPHINE. La surcharge de son bâtiment est probablement à l'origine des nombreux malades qui ralentissent et affaiblissent l'expédition.
La Pérouse et son second Fleuriot de Langle, probablement forts de l'expérience de Cook, choisissent deux flûtes, la BOUSSOLE et l'ASTROLABE.

La TRUITE et la DURANCE, deux gabares de 500 tonneaux rebaptisés la RECHERCHE et l'ESPERANCE, ont été profondément transformés avant d'emporter le 28 septembre 1791, l'expédition d'Entrecasteaux et Huon de Kermarec. Le choix des bâtiments était réfléchi et, dans l'ensemble assez judicieux car bien adapté à l'objet de la mission: ils sont pratiquement tous revenus de leurs périples, même si ce fut souvent sans une partie de leur état-major et de leur équipage, ce qui pose par contre le problème sanitaire de la navigation à cette époque.



Dans le Jardin des Explorateurs, on peut lire des informations sur la BOUDEUSE (commandée par Bougainville lors de son tour du monde de novembre 1766 à mars 1769), sur la RECHERCHE (d'Auribeau) et l'ESPERANCE (Huon de Kermarec) en 1791, sur l'ASTROLABE (La Perouse) et la BOUSSOLE, sur la découverte des végétaux: introduction de l'hortensia (rose du Japon) en France, introduction de la fraise du Chili en France, Etienne Raoul (1815-1898), Jacques-Julien de la Billardière (1775-1834), Pilibert Commerson (1727-1773), sur les inidacées du Chili, les sisyrinchium; sur les apiacées du Chili, les azorelles;  et enfin sur Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811).




mardi 11 décembre 2012

Didier du bout du Monde: Citadelle de Port-Louis: La Compagnie des Indes

Didier du bout du Monde: Citadelle de Port-Louis: La Compagnie des Indes

http://didierduboutdumonde.blogspot.fr/2012/12/citadelle-de-port-louis-la-compagnie.html

est-ce un lien que je viens de créer?

Citadelle de Port-Louis: La Compagnie des Indes

Le musée de la Compagnie des Indes dans la citadelle de Port-Louis.
Dans ce post, on ne verra que 1 à 2 % de ce que j'ai vu en visitant ce magnifique musée le 1er décembre 2012.




Le musée de la Compagnie des Indes évoque les liens qui unissent l'histoire de Lorient et celle de la Compagnie française des Indes aux XVIIème et XVIIIème siècles. Documents historiques, maquettes de vaisseaux, peintures et porcelaines de Chine (près de 400 pièces rares et précieuses) témoignent de l'épopée maritime ainsi que des échanges commerciaux et culturels que la Compagnie a développés avec l'Afrique et l'Asie.



Cette remarquable citadelle maritime, fondée par les Espagnols à l'époque des guerres de religion, est reconstruite sous Louis XIII entre 1616 et 1622. Son histoire est étroitement liée à l'installation de la Compagnie des Indes au XVIIème siècle. Les navires y stationnaient souvent pour attendre les vents favorables si bien que ce havre servit de port de départ vers la route des Indes.





La récolte du poivre dans le sud-ouest de l'Inde. Marco Polo, Livre des Merveilles, 1298. Des premiers marchands occidentaux, Marco Polo est le plus célèbre car il raconta ses aventures après son retour en 1295. Ce récit, Livre des Merveilles, écrit par Rusticello de Pise en français, a été traduit en latin et de nombreuses langues européennes.  Sa description de la Chine éblouit les générations suivantes. Les 143 manuscrits que l'on en connaît sont illustrés d'images exotiques. A propos du poivre: "Dans ces pays on le charge en vrac sur les nefs comme chez nous on charge le froment."




Les échanges maritimes de l'Europe à la Chine.
A la fin du XVème siècle, les Européens franchissent le cap de Bonne-Espérance. Grâce à l'Infant du Portugal, Henri le Navigateur, ils pénètrent dans un monde nouveau tournant une page de l'histoire mondiale. Mythes terrifiants et produits raffinés par terre et mer au temps des Grecs et des Romains, constituent longtemps les seules références occidentales. Pendant l'Antiquité, le nord de l'Océan Indien est connu des Grecs et des Phénicens venus de Méditerranée et de mer Rouge mais, hormis les incursions chinoises et arabes, le sud reste inexploré. Le grec Ptolémée décrit une mer close bien loin de l'immensité océanique ponctuée d'îles découvertes à la Renaissance.





A partir du VIIème siècle, les Arabes ont le monopole du commerce en mer Rouge et naviguent jusqu'en Chine.
Mais si les Indiens et les Chinois connaissent aussi de grandes époques maritimes, les Européens vont devenir les maîtres de la "Route des Indes". Les Portugai, détruisant la flotte arabe, s'imposent à Goa, Malacca, Colombo, Ormuz, aux Moluques, en Chine. Au XVIIème siècle, à part de raes enclaves, ils sont chassés par les Hollandais (on est très loin de l'Europe unie...) qui confisquent le commerce. En 1602 est fondée la Compagnie hollandaise des Indes orientales qui s'installe à Batavia, Malacca et au Cap. La première Compagnie anglaise des Indes, créée à Londres en 1600, ouvre quant à elle des comptoirs en Inde (Bombay, Madras, Golfe du Bengale) tandis qu'en 1664 (tiens-donc: Kronenbourg) est fondée la Compagnie française des Indes orientales.




Le XVIIIème siècle voit l'apogée, la compétition sans merci et la fin de ces compagnies qui échangent piastres d'argent contre thé, épices, porcelaines ou indiennes.




XVème - XVIIème siècles, les Européens conquièrent la route maritime des Indes.
Les pionniers portugais.
Les Portugais furent les premiers Européens à rechercher une route maritime vers les Indes orientales pour contourner le monopole des Arabes sur le bassin méditerranéen. Encouragés par l'Infant Henri le Navigateur, bénéficiant des connaissances géographiques arabes et des nouvelles technologies en matière de navigation, ils franchirent le cap de Bonne-Espérance en 1488. Vasco de Gama atteignait la côte indienne en 1498. Ils fondèrent de nombreux comptoirs en Inde, à Java, Sumatra et Macao en Chine. Ils possèdèrent près de cent comptoirs ou loges à la fin du XVIème siècle en Asie.




XVIIème siècle: création des compagnies de commerce européennes.
Le développement du commerce par voie maritime incita Anglais et Hollandais à exploiter le commerce d'Asie. Les expéditions, coûteuses et risquées, nécessitaient d'énormes capitaux, immobilisés de longs mois. Les deux Etats décidèrent la fondation de compagnies de négoce à privilèges pour l'exercice du commerce vers les contrées lointaines et créèrent respectivement l'East India Company, en 1600 et la Verenidge Oost-Indische Compagnie en 1602. Chassant les Portugais, les Anglais concentrèrent leurs efforts en Inde tandis que les Hollandais rayonnèrent sur toute l'Asie. Ils armèrent près de 4000 expéditions maritimes en deux siècles.



A partir de 1666, la Compagnie des Indes installa ses chantiers sur les rives du Scorff et du Blavet donnant peu à peu naissance à la ville de Lorient.
Après une première installation au Havre, ce fut la rade de Port-Louis, sur la côte sud de Bretagne, à mi-chemin de Brest et de Rochefort, qui fût désignée pour accueillir les infrastructures portuaires de la Compagnie des Indes. Naturellement protégée par l'île de Groix, l'entrée de la rade était en outre, depuis la fin du XVIème siècle, défendue par la citadelle de Port-Louis. En auôt 1666, la compagnie acheta au comte de Guéméné sept hectares de landes vierges sur la rive droite du Scorff. La compagnie étendit ensuite son emprise sur les rives du Scorff et du Blavet bâtissant chantiers de construction et d'armement de navires, magasins de stockage, appartement du directeur autour desquels vinrent s'agglomérer les logements d'ouvriers et de marins. La ville de Lorient était née et allait prendre son essor pour atteindre 20000 habitants à la fin du XVIIIème siècle.