dimanche 23 novembre 2014

La Chèvre de M. Seguin à Fontvieille


LE MOULIN DE DAUDET.  FONTVIEILLE (Provence - Alpilles - Bouches-du-Rhône)
Ce moulin appartenait au meunier Ribes. Dernier moulin en activité, il fonctionna environ un siècle pour arrêter de tourner en 1915. Il devient le « Moulin de Daudet » en 1935 sur l’initiative des Amis du Moulin, parmi lesquels Léo Lelée qui réalisa de nombreux dessins de cet endroit, dont celui du mécanisme, encore visible aujourd’hui. Daudet s’en inspira très largement dans les descriptions des lettres de mon Moulin. L’auteur prétend même l’avoir acquis dans un acte de vente imaginaire, et c’est ici qu’il situe notamment le Secret de maître Cornille.


« Ce coin de roche qui m’était une patrie et dont on retrouve la trace – êtres ou endroits – dans presque tous mes livres. » Alphonse Daudet.



Le Moulin Ramet. Dans le prolongement immédiat de la place du champ de foire, le moulin Ramet est le plus rapproché du village. Pendant longtemps et jusqu’à l’installation du musée Saint-Pierre, le moulin Ramet a été le plus familier aux Fontvieillois. Sa silhouette toute proche de l’agglomération permet d’avoir une première vue des collines. Il a cessé de tourner vers 1900, son dernier meunier et propriétaire était Monsieur RIBES dont la mère était née RAMET.


Le Moulin Tissot ou Avon est le plus à l’est des quatre moulins ; sur un mamelon peu élevé, entouré de pins il est le moins apparent de tous mais il est tout près du château de Montauban. Jadis ce voisinage lui valait de fréquentes visites d’Alphonse Daudet qui s’arrêtait à ce moulin bien plus souvent qu’aux autres. Le Père Avon et son fils Trophime ont été les meuniers ayant fréquemment le plus reçu Alphonse Daudet. Le Moulin Tissot a cessé de tourner vers 1905, Trophime Avon en a été le dernier meunier. Tout proche de Montauban, c’est le moulin que Daudet connaît le mieux. Il a même réellement projeté de l’acheter : « ce serait le cas, décidément d’acheter le moulin du Père Tissot ; je lui en parlerai quand j’irai là-bas. L’honneur m’oblige à avoir un moulin. » Pourtant ce n’est pas celui-ci que l’auteur se plait à décrire dans ses livres. Le dernier meunier Trophime Avon s’arrêta en 1905.



Le Mazet des Coudières. « Ecoutez, Monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne » - « Bonté divine, dit M. Seguin ; mais qu’est-ce qu’on leur fait dons à mes chèvres ? Encore une que le loup va me manger ». Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre, et à peine eût-il le dos tourné, que la petite chèvre s’en alla. Daudet a bien connu le berger Jean Seguin, mais aussi Peyre, lui aussi berger, surnommé « tueur de loup » pour avoir tué le dernier loup à Fontvieille. L’histoire s’inspire de ces personnages comme du cabanon, site que choisit d’ailleurs Pagnol pour tourner le film « Les lettres de mon moulin », en 1954.


Le château de Montauban. Grâce à l’accueil chaleureux de ses cousins Ambroy, Daudet redécouvrit ici la Provence quittée depuis l’enfance et vint souvent y séjourner pour se reposer de Paris et trouver son inspiration littéraire. Il y noua une amitié très forte avec Timoléon Ambroy, si bien qu’il hérita d’une petite part de cette maison, héritage éphémère puisqu’il mourut sans y revenir. Montauban se cache, il l’avoue, dans presque tous ses livres. Dans Sapho, le domaine des Gaussin en est une réplique : « Une côte rocheuse […], la maison, moitié ferme et moitié château, large perron, toiture italienne, portes écussonnées, que continuaient les murailles rousses du mas provençal, les perchoirs pour les paons, la crèche aux troupeaux… » Outre tous les détails de la vie provençale, il évoque encore le vieux chien Miracle, et ce cagnard où, comme lui, le jeune Jean aime à venir s’isoler… Ce château est en effet un mas doté au XIX° d’une façade monumentale. Aussi l’arrière présente-t-il toujours un profil trapu et allongé contrastant avec l’élévation de la façade en pierre de taille, rigoureusement symétrique et largement ouverte sur l’extérieur. Le Château de Montauban accueille le musée Daudet.



Le Mas de l’Arlésienne. « Pour aller au village, en descendant de mon Moulin, on passe devant un mas (…) au fond d’une grande cour plantée de micocouliers. C’est la vraie maison du ménager de Provence, avec ses tuiles rouges, sa façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meubles, et quelques touffes de foin brun qui dépassent… » Daudet mêle toujours imaginaire et réalité : ce drame, l’Arlésienne, s’inspire de l’histoire vraie d’un neveu de Mistral, qu’il replace à Fontvieille, dans un mas du fond de la rue… Or il existe une autre version, la pièce de théâtre, dans laquelle plusieurs détails diffèrent, notamment de lieu, le mas du Castelet, sur la route d’Arles. Le peintre Léo Lelée installa son atelier dans cette maison en 1914.


L’Eglise Saint Pierre ès-Liens. L’église paroissiale de la Tour se trouvant rapidement trop exigüe, les moines de Montmajour donnèrent le terrain pour construire cette église, provisoirement terminée en 1695 mais largement remaniée ensuite, notamment par la façade de 1765 et la tour de l’horloge de 1866. La période révolutionnaire, violemment anticléricale, vit l’église désaffectée, les cloches fondues (pour faire des canons), l’abbé Galissard poursuivi et guillotiné en 1793. Cette contestation resta vive pendant tout le XIX°, surtout menée par les carriers : RF, symbole républicain, fut apposé sur sa façade et la Marianne érigée sur la place. Daudet a connu les épisodes révolutionnaires par les récits : ainsi il évoque « le vieux Jean Coste, un rouge du 93 » et s’en inspire dans la première version du Secret de Maître Cornille. Toutefois dans le texte définitif, l’église est plutôt le centre de la vie sociale : « le dimanche, lorsque nous le voyions entrer à la messe, nous avions honte pour lui, nous autres les vieux ; et Cornille le sentait si bien qu’il n’osait plus venir s’asseoir sur le banc d’œuvre. Toujours il restait au fond de l’église, près du bénitier, avec les pauvres ».


La Marianne. Au cours de la séance du conseil municipal du 1er juin 1889 présidée par Raymond MARION, maire de Fontvieille, celui-ci expose au conseil municipal qu’à l’instar d’un grand nombre de communes, il y aurait lieu selon lui, à l’occasion de la célébration de la fête nationale du quatorze juillet, à ériger un monument commémoratif du centenaire de 1789. Le conseil municipal à l’unanimité, se ralliant à la proposition de Monsieur le Président, décide d’ériger le monument de la Marianne sur la place publique en face de l’église.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire