Strasbourg, capitale
de l’Europe et de l’Alsace, possède un patrimoine historique et
architectural qui en fait la ville la plus riche d’Alsace. Son centre-ville
fait partie du patrimoine mondial de L’UNESCO. De plus, les musées de la ville
sont particulièrement riches et intéressants. Strasbourg est bien évidemment incontournable non seulement pour
ses monuments, mais aussi pour saisir les différents visages de l’Alsace et des
Alsaciens. Strasbourg, capitale européenne, est également la porte d’entrée
nord de la route des vins d’Alsace, qui prend ses racines à Marlenheim, au nord
de Strasbourg, pour s’étendre jusque Thann, à l’est de Mulhouse.
La place du Corbeau
et la cour du Corbeau : cette place présente peu d’intérêt si ce n’est
d’être un très bon point de départ pour la visite de la ville. Le restaurant «
Au Canon » est une ancienne brasserie dans laquelle a été fondée la fameuse
marque de bière Kronenbourg, par Jérôme Hatt. Le pont du Corbeau était le lieu
d’exécution des personnes coupables d’infanticide ou de parricide. Le condamné
était enfermé dans une cage et plongé dans l’Ill.
Quai des bateliers
: tout le long du quai, de très belles maisons du XVIème au XVIIIème
siècle à colombages, certaines à encorbellement et d’autres à oriel. Palais des Rohan : ce magnifique
bâtiment du XVIIIème siècle a été construit par l’évêque Armand
Gaston de Rohan-Soubise pour remplacer le précédent palais épiscopal. Il est
bâti dans le style classique, devenu à la mode après la conquête française.
Place de la
Cathédrale : plusieurs belles maisons entourent la Cathédrale. Noter au
n°10, l’ancienne Pharmacie du Cerf, de style renaissance, qui était la plus
ancienne pharmacie de France. Elle a malheureusement fermé ses portes depuis
quelques années, et abrite aujourd'hui une billetterie pour les évènements
culturels. Belles arcades sculptées de branchages et de reptiles. Au coin, une
colonne de grès servait à mesurer l’embonpoint des notables de la ville qui
devaient passer entre celle-ci et la maison ! La Place de la Cathédrale est réputée pour être particulièrement
venteuse. Une légende raconte que lors de la construction de la Cathédrale, par
une sombre nuit, le Diable chevauchant le vent fut intrigué par ce bâtiment. Il
s’arrêta pour visiter et demanda à son cheval, le vent, de l’attendre… Le
Diable, ébloui par sa visite se laissa surprendre par la messe du matin et se
retrouva enfermé dans un pilier… Le vent continue à tourner autour de la
Cathédrale en l’attendant….
La Cathédrale :
le symbole et le bijou architectural de la ville. Sa construction, à
l’emplacement de la précédente, s’étale de la fin du XIIème jusqu’au
XVIème siècle. Le bâtiment en grès rose, avec sa flèche culminant à
142 m, a été jusqu’au XIXème siècle le plus haut bâtiment religieux
d’Europe. Le style du bâtiment est principalement gothique, bien que certains
éléments restent d’inspiration romane. La façade, immense, donne néanmoins une
impression de finesse et d’élégance. En effet, les fines colonnes de la façade
projetées en avant camouflent le mur massif de la façade et lui donnent ainsi
une impression de légèreté. Les trois portails, du début du XIVème siècle, sont
richement ornés de sculptures. Le portail Nord est décoré de statues
représentant les vertus terrassant les vices, le tympan a pour sujet l’enfance
du Christ et les voussures sont décorées d’anges et de personnages. Le tympan
du portail principal, entouré de statues de prophètes, a pour thème la passion
du Christ. Des scènes de l’ancien et du nouveau testament sont représentées sur
les voussures.
La nef de la
cathédrale s’élève sur trois étages et contient une riche collection de
vitraux. Dans le collatéral Nord, ils représentent les différents Empereurs du
Saint Empire (XIIIème), au Sud on peut admirer des scènes de la vie de la
Vierge et du Christ (XIVème). La grande rosace est quant à elle purement
ornementale. Plusieurs éléments sont particulièrement remarquables, et deux
d’entre eux sont situés dans le croisillon Sud. Le Pilier des Anges, construit
vers 1230, est le pilier central de la salle et porte douze sculptures de toute
beauté : la première rangée représente les quatre évangélistes, surmontés
d’anges jouant de la trompe. Le groupe supérieur comprend le Christ, assis,
entouré d’anges portant les instruments de la Passion.
Dans la même salle, la fameuse horloge astronomique du XVIème siècle, richement
décorée. Des personnages animés se mettent en mouvement à différentes heures.
Un ange sonne la cloche tandis que le second retourne un sablier et que
différents personnages, représentant les âges de la vie (de l’enfant au
vieillard) défilent devant la Mort. Au dernier étage ce sont les Apôtres qui
passent devant le Christ. L’horloge indique bien plus que l’heure officielle
puisqu’elle permet aussi de connaître l’heure solaire (retard de trente
minutes), le jour (représenté par les Dieux de la mythologie, un Dieu par jour
de la semaine), le mois, l’année, le signe du zodiaque, la phase lunaire et la
position de plusieurs planètes. A 12h30 l’ensemble des automates se met en
fonction mais l’entrée devient alors payante (prix raisonnable). Dans cette
même salle, remarquez la statue d’un homme, accoudé à une balustrade. La
légende raconte qu’il s’agit d’un architecte concurrent de celui ayant
construit le pilier des anges, prouesse architecturale de l’époque, qui
prétendait que jamais un seul pilier ne pourrait soutenir une si grande voûte,
et qu’il attendrait pour voir le tout s’effondrer….
Le chœur,
surélevé car situé au-dessus de la crypte, est décoré de fresques XIXème,
et comprend en son centre un vitrail, moderne, qui représente la Vierge (à qui
est dédiée la Cathédrale). Ce vitrail est un don du conseil de l’Europe, on y
retrouve les douze étoiles du drapeau…. La
chaire, extraordinaire dentelle de pierre est un exemple de Gothique
Flamboyant poussé à l’extrême. Une cinquantaine de statues abordent de nombreux
thèmes tels que les évangélistes, la crucifixion, Sainte Barbe…. Remarquer sur
les escaliers, la petite sculpture d’un chien, qui rappellerait l’habitude d’un
prêcheur de venir accompagné de son chien.
L’Ancienne Douane
: située en face du musée historique, ce très long bâtiment bordant l’Ill a été
entièrement reconstruit après la Seconde Guerre Mondiale, le bâtiment ayant été
rasé par les bombardements. Le bâtiment d’origine datait des XIV et XVème
siècles et avait pour fonction celle de dépôt de douane, lieu de vente,
entrepôt… De nombreuses marchandises transitant par les voies fluviales étaient
échangées ici.
Place Kléber : la
grande place de la ville, dédiée au Général Kléber. Il participe aux guerres
Révolutionnaires et à la Campagne d’Egypte de Napoléon, pendant laquelle il est
assassiné. La place est bordée de maisons de toutes les époques pour la moitié
de la place. Tout un côté est, quant à lui, occupé par l’Aubette, construit en
1770 pour abriter une partie du commandement militaire de la ville et des
troupes. Les officiers venaient y chercher leurs consignes à l’aube, d’où son
nom d’Aubette. Bien que le site ait été occupé de façon permanente par les
Celtes, la fondation d’Argentoratum est attribuée aux Romains qui construisent,
en 12 avant Jésus Christ, un camp fortifié. Celui-ci fait partie de la ligne de
défense établie pour défendre l’Empire des attaques des Germains. Autour de ce
camp s’établit alors une agglomération qui subit plusieurs destructions au
cours du temps, dont la plus terrible, par Attila en 451. La ville est restaurée en 496 sous le nom de
Strateburgum par les Francs qui favorisent le développement de la ville, après
la conversion de Clovis au Christianisme. En effet, Argentoratum est l’une des
rares villes de la région à avoir un Evêque, véritable gouverneur de l’époque.
Les VIIIe
et IXe siècles sont prospères, la ville voit sa population
doubler, une nouvelle cathédrale est construite et le commerce se développe,
toujours sous la tutelle de l’évêque qui a les pleins pouvoirs. En 842, la
ville accueille Charles le Chauve et Louis le Germanique qui s’allient contre
leur frère Lothaire pour le partage de l’Empire légué par Charlemagne et
prononcent le Serment de Strasbourg,
rédigé en langue romane (ancêtre du français) et en langue tudesque (ancêtre de
l’allemand). Ce document est le plus ancien document en langues romane et
tudesque. A l’issue de ce conflit en 843, le traité de Verdun attribue
Strasbourg à Lothaire mais à sa mort, la ville revient à la Germanie. En 962,
Otton le Grand fonde le Saint Empire Romain Germanique et s’appuie sur l’Eglise
en lui octroyant des pouvoirs temporels forts. Strasbourg obtient alors le
droit de justice et celui de battre monnaie.
La ville continue à
prospérer et à s’étendre. Une nouvelle
enceinte est construite au XIIe siècle et sera agrandie un
siècle plus tard. Les bourgeois, écartés du pouvoir, souhaitent s’impliquer
dans la vie politique et obtiennent en 1214 le droit de créer un conseil avant
de prendre le pouvoir en 1262. S’ensuit une période trouble pendant laquelle
les luttes de pouvoir sont source de nombreux conflits. Le point culminant de
ces conflits est la lutte de deux familles rivales, les Zorn et les Mullenheim,
véritable guerre civile provoquant une révolte des Strasbourgeois. Le pouvoir
revient alors à la classe marchande. Suite à cette longue période de troubles,
une nouvelle organisation politique se crée au XVe siècle : le Conseil de la
Ville s’appuie sur les conseils des XIII, des XV et des XXI, un Ammeister
(maire) est nommé par le Conseil tandis que quatre Stettmeister nommés par les
nobles complètent l’administration. La ville compte alors plus de 16 000
habitants, frappe monnaie et obtient le statut de Ville libre d’Empire, ce qui
en fait une véritable principauté.
La ville connaît
aussi une grande effervescence intellectuelle. Gutenberg y invente
l’imprimerie et la ville devient un important centre de l’imprimerie et la
diffuse à travers l’Europe. Strasbourg est un centre important de l’humanisme
qui voit passer les grands noms de cette époque tels que Sébastien Brant, Jean
Geiler de Kaysersberg et Jacques Wimpheling. La ville adopte en 1524 la Réforme
et attribue les églises aux Protestants. Strasbourg accueille les dissidents
religieux et propage leurs idées grâce à l’imprimerie. La ville est alors à son
apogée… Mais le déclin arrive avec les guerres. L’Empereur Charles Quint,
catholique, mène la guerre contre les princes protestants et leurs alliés
(Strasbourg). La ligue protestante est vaincue, Strasbourg restitue la
Cathédrale et deux églises aux Catholiques. La ville connaît aussi des
difficultés financières.
La Guerre de Trente
Ans éclate en 1618, guerre de religion européenne opposant les Protestants
et les Catholiques. L’Alsace fut ravagée, mais Strasbourg resta neutre dans ce
conflit. A l’issue de la guerre en 1648, par le Traité de Westphalie, l’Alsace
revient à la France, mais Strasbourg reste Ville libre Impériale. La ville est
isolée, affaiblie, n’a rien à attendre de l’Empire vaincu, et lorsqu’elle est
assiégée par les troupes de Louis XIV, en septembre 1681, Strasbourg capitule
et devient française. Elle conserve néanmoins la plupart de ses avantages. Strasbourg devient hautement stratégique
pour la France, véritable bastion sur le Rhin et accueille alors une
importante garnison. Cette annexion marque pour Strasbourg le début d’une
nouvelle prospérité. La ville devient la capitale régionale, son université
attire de grands noms tel que Goethe, la bourgeoisie s’enrichit et se construit
de belles demeures.
La Révolution de 1789
est bien accueillie par la population et les nouvelles institutions sont
rapidement adoptées. La ville connaît néanmoins le contrecoup de cette époque
troublée, notamment pendant la Terreur qui sévit durant deux années. En 1792,
le capitaine Rouget de L’Isle compose un chant pour l’armée du Rhin, qui
deviendra la Marseillaise. Strasbourg sort fortement affaiblie de cette période
de troubles. L’époque napoléonienne est, quant à elle, un retour à la
prospérité et au faste qui dure jusqu’à la guerre de 1870. L’Allemagne annexe
alors l’Alsace et une partie de la Lorraine. Lors du siège, la ville subit de
graves destructions.
L’Allemagne veut
dorénavant faire de Strasbourg un symbole de sa puissance. La ville est
élevée au rang de capitale du Reichsland d’Alsace et de Lorraine. De nombreuses
constructions sont édifiées dans le quartier allemand : la bibliothèque et le
Palais Universitaire, la gare, la poste, le Parlement… La ville se transforme
en grande ville industrielle, sa population double et sa vie intellectuelle
renaît. Après la guerre de 14-18, pendant laquelle Strasbourg est relativement
épargnée, l’Alsace revient à la France qui cherche à «franciser» la région à
marche forcée, en oubliant la mixité de la culture alsacienne et les nombreux
progrès sociaux acquis pendant la période 1870-1914.
Mais la Seconde
Guerre Mondiale arrive, l’Alsace est à nouveau annexée par l’Allemagne et
une politique de «germanisation» est lancée, très dure : interdiction du
français, changement du nom des rues et des noms de famille à consonance
française. Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée par les troupes de
Leclerc et l’Alsace revient à nouveau à la France. Strasbourg retrouve sa
prospérité et l’Alsace est aujourd’hui l’une des régions les plus dynamiques de
France. La ville est choisie pour être le
siège du Conseil de l’Europe et du Parlement Européen.
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