La bataille des
Éparges, ou bataille de Combres pour les Allemands, est une série de
combats pour la maîtrise de la crête des Éparges opposant la 12e division
d'infanterie de la 1re Armée française à la 33e division d'infanterie allemande
du 17 février au 5 avril 1915 au cours de la Première Guerre mondiale.
Ces combats se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles
sous la pluie, la neige, dans la boue. L'infanterie des deux camps a dû rester
pendant de longues semaines sous les coups de l'artillerie. L'armée française
tente au cours de plusieurs assauts de conquérir la crête, après des pertes
très lourdes des deux côtés, les Français arrivent à prendre pied sur la crête
sans pouvoir en déloger totalement les Allemands.
Cette bataille est l'une des premières à présenter de
nombreuses caractéristiques qui se révèleront classiques de la première guerre
mondiale : une durée de plusieurs semaines, des séries d'attaques,
contre-attaques avec de nombreuses pertes pour des gains territoriaux faibles voire
nuls. Elle annonce les batailles de
Verdun et de la Somme.
En septembre 1914 pendant la bataille de la Marne, les
troupes allemandes tentent de tourner la position fortifiée de Verdun en
l'attaquant depuis la plaine de Woëvre.
Les Allemands réussissent à créer un saillant à Saint-Mihiel et bloquent la
voie ferrée reliant Verdun à Commercy. En vue de la
réduction de ce saillant, les généraux Dubail puis Roques, commandants de la 1ère Armée française,
décident de l'attaque et de la prise de la crête des Éparges. La prise de cette
hauteur permettrait ainsi d'obtenir un observatoire pour l'artillerie française
sur la plaine de Woëvre afin de perturber les mouvements de troupes allemandes.
Après trois mois de combats extrêmes pour l'infanterie des
deux parties, dans la boue, sous le pilonnage incessant de l'artillerie des
deux camps, les Français possèdent, dans des conditions précaires, la plus
grande partie de la crête des Éparges excepté le point X. Il est pour eux
impossible d'y établir des postes pour l'artillerie, but de la bataille. Ces combats coûtent environ 12 000 pertes
(tués, blessés et disparus) pour les deux camps, pour des résultats quasi nuls.
Les combats dans cette région se transforment en guerre des mines jusqu'en
avril 1917. Au cours de cette période, 46 mines allemandes et 32 mines
françaises explosent sur une longueur de front de 800 mètres sans modifier la
ligne de front. L'écrivain français Maurice
Genevoix, sous-lieutenant au 106e R.I. a participé aux combats
des Éparges où il fut blessé. Il a témoigné de la bataille dans son ouvrage,
Les Eparges.
La colline à l'est du
village des Éparges a fait l'objet d'importantes batailles en 1914 et 1915.
Ces faits sont relatés entre autres par Maurice
Genevoix dans un de ses livres intitulé Les Éparges. La colline porte
encore les traces de ces combats ; on peut y voir les entonnoirs résultant
d'explosions de mines pour le contrôle du « point X » qui domine la plaine,
stratégique pour le contrôle de l’artillerie.
Dans son livre La boue, Maurice Genevoix écrit le 1er novembre 1914 : « Au bord de la rue caillouteuse, de chaque
côté sinuent les lignes tourmentées des façades, des carcasses noires, des
échines de toitures dont les chevrons brisés font comme des chapelets de
vertèbres. Le village est inerte comme un grand cadavre étendu. L'odeur est
aigre et froide, une odeur d'incendie, plus pénétrante qu'une puanteur de chair
morte. Dans le ruisseau, la boue s'étale comme une sanie ».
Ces positions sont le théâtre d’une des luttes les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale.
Les Allemands s’acharnent pour la possession de la crête, et les attaques et
les contre-attaques, les combats corps à corps et à la grenade, sous un
bombardement d’obus de tous calibres et sous l’écrasement des torpilles, se renouvellent
pendant une période de cinq mois dans les conditions les plus pénibles. Tous les soldats français qui ont combattu aux Éparges entre
septembre 1914 et avril 1915, ont reçu un diplôme
de reconnaissance pour leurs combats effectués dans cette région, signé du
général Herr, commandant le 6e corps d'armée et du général Roques,
commandant la 1ère armée. Ce document est nominatif et reprend les
citations de la 12e division d'infanterie et du 25e
bataillon de chasseurs à pied. Le 1er juin 1916 le dirigeable
Adjudant-Vincenot, de retour d'une mission de bombardement sur Verdun,
s'écrase aux Éparges, touché par la DCA allemande.
Lieux de mémoire
de la Grande Guerre :
Nécropole nationale
du Trottoir. D'une superficie de 8 355 m2, elle rassemble 2 960 corps de
soldats dont 2 108 en tombes individuelles et 852 en ossuaires.
Monument au 106e
Régiment d'Infanterie : situé en haut d'un escalier, ce monument est
l’œuvre de Maxime Réal del Sarte avec cette dédicace : « A la gloire des
revenants du 106e R.I. ». De forme pyramidale, le monument est
dominé par une tête humaine portée par des mains décharnées.
Mémorial du Génie
: dédié à la mémoire des sapeurs victimes de la guerre des mines. Il est formé
de sept palplanches de béton ceint d'un mur plein peint en blanc avec cette
inscription : « A la gloire du génie ».
Monument du Point X
: situé à l'extrémité de la crête dominant la plaine de la Woëvre, il est
composé du mur surmonté d'un fronton triangulaire et d'un autel. Un bas-relief
œuvre du sculpteur Fischer, représente un officier tête nue entraînant ses
hommes au combat.
Monument au 302e
régiment d'infanterie : une simple stèle entourée de pavés ; il est situé
non loin du monument du Point X.
Monument à la mémoire
des morts de la 12e DI, au point C, crête des Éparges.
La statue-buste de
Maurice Genevoix.
La commune a été décorée de la Croix de guerre 1914-1918 le 15 mars 1921. La mention « LES EPARGES
1915 » est inscrite sur le drapeau des régiments cités lors de la Bataille des
Éparges.
Chaque lundi de Pâques, une cérémonie commémore les séries d'attaques lancées vers la crête des
Éparges, organisée par le comité cantonal de Fresnes-en-Woëvre et la
municipalité des Éparges. Cette cérémonie rappelle une page d'histoire : en
quelques jours, les régiments français perdirent plus de 5 000 hommes, tués,
blessés, ou disparus, appartenant pour un grand nombre d'entre eux aux
régiments de la 12e division d'infanterie de Reims (132e
de Reims, 106e de Chalons et 25e bataillon de chasseurs à
pied d’Épernay et Saint-Mihiel). Hommage est ainsi rendu à tous les
combattants morts sur ce haut lieu de mémoire, pendant les quatre années de la
Grande Guerre. Lors de ces assauts, ils furent tués, engloutis dans la
boue des Éparges, déchiquetés par les mines dont les immenses cratères
ponctuent la montée vers le sommet de la crête.
Au sommet de la colline, à une altitude de 377 mètres, se
trouve un monument commémorant les offensives
menées par l'armée américaine sur le saillant de Saint-Mihiel (à environ
quinze kilomètres à l'ouest de Montsec) lors de la Première Guerre mondiale, du
12 au 15 septembre et du 9 au 11 novembre 1918.
Le monument, érigé en 1932 en pierre d'Euville, est
constitué d'une rotonde à colonnade
de style néoclassique, dont le centre est occupé par une table d'orientation
sur laquelle est sculptée une carte en bronze illustrant le champ de bataille. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le site fut réinvesti
par l'armée allemande pour constituer un point de surveillance protégé, puis
fut repris par une offensive aérienne alliée accompagnée de bombardements. À
cette occasion, le monument fut légèrement endommagé, puis réparé par la suite.
Il a été classé monument historique par un arrêté du 7 avril 1975.
Le monument se veut aussi le symbole de la coopération entre armée française et américaine ayant
permis la reconquête de Saint-Mihiel. Il a été construit sur les plans de
l'architecte américain Egerton Swartwout, par l'agence gouvernementale
américaine American Battle Monuments Commission, qui continue de l'entretenir. Le
monument est pour l'IGN un site géodésique du réseau de détail français.
Construit en 1930, le mémorial commémore les offensives
menées par l'armée américaine en 1918 pour réduire le saillant de St-Mihiel.
Situé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest du St Mihiel cemetery de
Thiaucourt (Meurthe-et-Moselle) et à une quinzaine de kilomètres de la commune
de St-Mihiel, le monument américain de
Montsec, élevé sur une colline à 270 mètres, domine le lac de Madine. Œuvre du sculpteur Egerton Swarthout, le monument, construit
en 1930 en pierre d'Euville, commémore les offensives menées par l'armée
américaine du 12 au 14 septembre 1918 et du 9 au 11 novembre 1918, pour réduire le saillant de St-Mihiel.
Une grande allée mène à une rotonde à ciel ouvert. Celle-ci se compose de colonnes cannelées,
doriques, supportant un entablement où les noms des communes apparaissent en
alternance avec des couronnes de laurier. Placée au centre de la rotonde, une carte en bronze rappelle
l'emplacement des fronts du saillant de Saint-Mihiel. Endommagé lors des
combats de 1944, l'édifice est restauré quatre ans plus tard. Monument en accès
libre.
C’est l’un des onze
monuments érigés en Europe par les Etats-Unis d’Amérique à la mémoire des
unités américaines qui servirent en France pendant la Première Guerre mondiale.
Il rend hommage aux 550 000 hommes des troupes américaines qui
participèrent à l’offensive de Saint-Mihiel entre le 12 et le 16 septembre
1918. L’offensive de Saint-Mihiel fut la première opération de la Première
Guerre mondiale que l’armée américaine effectua sous le seul contrôle du
commandant en chef américain.
Cette colline de
Montsec domine les environs qui étaient connus sous le nom de saillant de
Saint-Mihiel durant la guerre. Occupé par les Allemands pendant plus de quatre
années, le saillant fut fortement défendu ; il permettait une excellente
observation de l’arrière des lignes alliées et constituait une position
stratégique cruciale pour l’ensemble de la région.
L’attaque sur ce site
fut menée par 550 000 soldats américains et 110 000 soldats français.
Avec 1 484 avions, les forces aériennes concentrèrent, pour cette
bataille, le maximum d’avions jamais rassemblés à l’époque, des avions anglais
et français principalement. L’armée disposait de 400 tanks français (dont 144
étaient manœuvrés par des Américains), 3 000 pièces d’artillerie, et plus
de 3 300 000 munitions. Les forces adverses étaient composées de huit
divisions et de deux brigades en lignes, ainsi que de cinq divisions en
réserve.
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