Merveille de l'Occident, le Mont Saint-Michel se dresse au
cœur d'une immense baie envahie par les plus grandes marées d'Europe. C'est à
la demande de l'Archange Michel, "chef des milices célestes",
qu'Aubert, évêque d'Avranches construisit et consacra une première église le 16
octobre 709. En 966, à la demande du Duc de Normandie, une communauté de
bénédictins s'établit sur le rocher. L'église préromane y fut alors élevée
avant l'an mil.
Au XIème siècle, l'église abbatiale romane fut
fondée sur un ensemble de cryptes, au niveau de la pointe du rocher et les
premiers bâtiments conventuels furent accolés à son mur nord. Au XIIème
siècle, les bâtiments conventuels romans furent agrandis à l'ouest et au sud.
Au XIIIème siècle, une donation du roi de France
Philippe Auguste à la suite de la conquête de la Normandie, permit
d'entreprendre l'ensemble gothique de la Merveille : deux bâtiments de trois
étages couronnés par le cloître et le réfectoire.
Au XIVème et XVème siècle, la guerre de cent ans rendit
nécessaire la protection de l'abbaye par un ensemble de constructions
militaires qui lui permit de résister à un siège de plus de trente ans. Le
chœur roman de l'église abbatiale, effondré en 1421 fut remplacé par le chœur
gothique flamboyant à la fin du Moyen-Age.
Ce grand foyer spirituel et intellectuel fut avec Rome et
Saint-Jacques de Compostelle l'un des plus importants pèlerinages de l'Occident
médiéval. Pendant près de mille ans des hommes, des femmes, des enfants sont
venus, par des routes appelées "chemin de Paradis", chercher auprès
de l'Archange du jugement, peseur des âmes, l'assurance de l'éternité.
Devenue prison sous la Révolution et l'Empire, l'Abbaye
nécessitera d'importants travaux de restauration à partir de la fin du XIXème
siècle. Elle est confiée depuis 1874 au service des monuments historiques.
La célébration du millénaire monastique en 1966 a précédé
l'installation d'une communauté religieuse dans l'ancien logis abbatial
perpétuant la vocation première de ce lieu ; la Prière et l'Accueil. Les Frères
et les Sœurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem assurent cette présence
spirituelle depuis 2001.
Parallèlement au développement de l'abbaye un village
s'organise dès le Moyen-Âge. Il prospère sur le flanc sud-est du rocher, à
l'abri de murailles remontant pour la plupart à la guerre de Cent ans. Ce
village a depuis toujours une vocation commerciale.
Inscrit au "Patrimoine Mondial" par l'Unesco en
1979, ce haut lieu touristique reçoit aujourd'hui plus de 2,5 millions de
visiteurs par an. Le Mont-Saint-Michel est une commune française située dans le
département de la Manche en Normandie qui tire son nom d’un îlot rocheux
consacré à saint Michel où s’élève aujourd’hui l’abbaye du Mont-Saint-Michel. En 2013, la commune comptait 41 habitants, appelés les Montois.
L’architecture du Mont-Saint-Michel et sa baie en font le
site touristique le plus fréquenté de Normandie et l'un des dix plus fréquentés
en France et même le premier des sites après ceux d'Île-de-France avec près de
deux millions et demi de visiteurs chaque année (3 250 000 en 20063, 2 300 000
en 2014). Une statue de saint Michel placée au sommet de l’église abbatiale
culmine à 170 mètres au-dessus du rivage. Élément majeur, l'abbaye et ses
dépendances sont classées au titre des monuments historiques par la liste de
1862 (60 autres constructions étant protégées par la suite) ; la commune et la
baie figurent depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
En 1846, Édouard Le Héricher le décrivait ainsi : « Le Mont Saint-Michel apparaît comme une
montagne circulaire qui semble s’affaisser sous la pyramide monumentale qui la
couronne. On voudrait prolonger sa cime en une flèche aiguë qui monterait vers
le ciel (la flèche actuelle ne date que de 1899), dominant son dais de brouillards ou se perdant dans une pure et chaude
lumière. De vastes solitudes l’environnent, celle de la grève ou celle de la
mer, encadrées dans de lointaines rives verdoyantes ou noires. » (L’Avranchin
monumental et pittoresque, t. 2, 1846).
Depuis ce mercredi 10 février 2016, la baie du
Mont-Saint-Michel se remplit à la vitesse d'un cheval au galop... Les grandes
marées ont une nouvelle fois rendu le Rocher à la mer, battu par les vagues à
la grande joie des touristes.
Jeudi 11 février, 8h30, la navette arrive au terminus du
pont-passerelle. Le passeur freine en émettant le grondement d'un paquebot
arrivant à bon port. Une poignée de touristes descend sur le pont qui flotte au
milieu des eaux. De chaque côté, la mer opale à perte de vue sous un ciel
anthracite. Les visiteurs se figent face à la silhouette imposante du
Mont-Saint-Michel. Respect. La pose photo s'impose.
« Tu crois qu'on peut passer ?”, dit une touriste à son
amie. Les deux femmes marchent à pas forcé jusqu'au bout du pont qui boit la
tasse. Le mince filet de terre qui relie le Rocher au continent est en train de
s'effacer sous l'assaut des vagues. Les touristes qui ont prévu leurs bottes
s'élancent à travers les eaux et gagnent l'autre côté. Elles laissent sur le
pont les visiteurs en baskets et chaussures de ville, hypnotisés par la montée
des eaux. Les vagues viennent frapper le platelage en bois du pont-passerelle,
comme si Neptune s'improvisait joueur de marimba. Les jets d'eau éclaboussent
les pieds des touristes émerveillés par les facéties de dame nature.
« C'est très beau, c'est magnifique !”, confie une
femme venue assister au spectacle. “C'est la première fois que je le vois
entouré d'eau.” La famille bretonne ranime la vieille querelle sur
l'appartenance du Mont. “Alors Breton ou Normand ?” Normand, ça c'est sûr, mais
avec les grandes marées, le Couesnon est noyé. Posé ainsi au milieu des eaux,
sans terre, ni frontière, le Mont appartient à tout le monde.
Le pèlerinage du mont Saint-Michel est attesté au IXe
siècle et il est vraisemblable que les miquelots trouvent à cette époque le
gîte et le couvert dans l'une des auberges du village, apparues pour les
accueillir au pied du mont. Le village s'est ainsi développé à l’ombre de son
abbaye médiévale, se développant au tournant de l'an mille grâce à la
protection des abbés bénédictins.
L’économie du Mont est tributaire, depuis douze siècles, des
nombreux pèlerinages, notamment jusqu’à la Révolution française. On vient de
toute l’Europe du Nord en pèlerinage à l’abbaye : depuis l’Angleterre, la
France, notamment du nord et de l’ouest.
Le bâtiment de la Merveille, souvent évoqué comme le fleuron
de l’architecture de l’abbaye, est le témoin de la maîtrise architecturale des
bâtisseurs du XIIIe siècle qui réussirent à appuyer sur la pente du
rocher deux corps de bâtiments de trois étages. Des dispositions techniques
précises ont permis cette réalisation. Au rez-de-chaussée, l’étroit collatéral
(Collatéral : Vaisseau latéral de la nef d’un bâtiment) du cellier a un
rôle de contrebutement. Ensuite, les supports des deux premiers niveaux du
bâtiment occidental se superposent. Enfin, les structures sont de plus en plus
légères au fur et à mesure que l’on progresse vers le sommet. A l’extérieur, le
bâtiment est soutenu par de puissants contreforts (Contreforts : Piliers
élevés en saillie contre un mur pour l’épauler.
Les grands principes de la vie monastique ont aussi
influencé l’organisation et l’architecture des bâtiments. La règle de saint
Benoît (Règle de saint Benoît : Edictée par Benoît de Nursie au VIe
siècle pour son monastère du Mont-Cassin (Italie), cette règle prescrit la
prière et le travail ; elle est observée, entre autres, par les bénédictins), à
laquelle se conformaient les moines du Mont, prévoyait qu’ils puissent
consacrer leur journée à la prière et au travail. Les pièces ont été organisées
autour de ces deux activités en respectant le principe de la clôture,
c’est-à-dire l’espace réservé aux moines. Ainsi, fidèles à ce principe, les
pièces destinées à recevoir des laïcs ont été installées aux rez-de-chaussée et
premier étage de la Merveille. Deux grands impératifs ont donc prévalu lors de
la construction de l’abbaye du Mont-Saint-Michel : les exigences de la vie
monastique et les contraintes topographiques.
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