Officiellement, la Sainte-Ouine se tient jusqu'à dimanche.
Cette date est inscrite sur toutes les affiches dans la ville et autres sites
internet. « Oui mais la dernière semaine a toujours été facultative », rappelle
Guillaume Loiseau, adjoint au maire chargé du dossier. Résultat, tous les ans,
le pied des remparts se dégarnit au fil des jours. Les forains qui ont levé le
camp sont partis s'installer à Dinan, Cherbourg ou encore Avranches. Certains
le font d'autant plus que l'emplacement pour cette semaine coûte 30 % plus
chers que pour les quatre précédentes. Impossible de regrouper ceux qui restent
pour donner un aspect plus accueillant au site, car il faudrait trop de temps
pour démonter et remonter chacune des attractions.
Saint-Malo : La Sainte-Ouine, le retour ! La célèbre
fête foraine de Saint-Malo sera ouverte du samedi 16 janvier au dimanche 14
février (2016).
Mais pour voir un peu le verre à moitié plein, la grande
roue, nouveauté de cette édition, permet d'avoir une vue plongeante sur les
remparts et les bateaux des bassins de la mer. Entre deux averses attendues ce
week-end, la grande roue offre de la hauteur pour mieux admirer la cité
corsaire.
Les irréductibles forains restants démonteront dimanche soir
et les parkings devraient être libérés dans la journée de lundi. Le
stationnement pourra alors reprendre normalement pour la suite des vacances. La
bonne nouvelle, c'est qu'il est gratuit. La mauvaise nouvelle pour les
gourmands, c'est que la rumeur de croustillons à l'année est fausse. La cabane d'Hector
et ses délices sucrés ont beau être malouins, ils replient aussi, ce dimanche
soir.
Beaucoup d'encre a déjà coulé à propos de l'origine de la
fête de la Sainte-Ouine. Celle-ci proviendrait du culte de Saint-Ouen,
conseiller du roi Dagobert 1er et ami de Saint-Éloi. Une autre hypothèse est
apparue récemment qui nous ramène au pays de Galles, berceau de la spiritualité
bretonne. C'est là-bas, dans l'île d'Anglesey, que naquit au Ve siècle une
certaine Dwynwen, fille du roi Brychan. A la suite d'un amour déçu, elle se
retira sur la petite île de Landdwyn, après avoir demandé à Dieu de veiller sur
tous les amours sincères.
Après sa mort, sa chapelle fut l'objet d'un culte important
qui se répandit en Bretagne où elle fut connue comme Santez Twin ou Sainte
Twina de la mer. Son nom était associé à plusieurs pardons et resta longtemps
dans la mémoire populaire avant d'être oublié par l'Histoire. Il est probable
que son culte fut confondu avec celui de Saint-Ouen, évêque de Rouen, qui n'a
cependant jamais eu aucun lien avec les gens de la mer.
La chapelle Sainte-Ouine, de Pleudihen-sur-Rance, en est le
dernier vestige existant dans notre région. Sainte Dwyn est devenue aujourd'hui
la sainte patronne des amoureux au pays de Galles. Sa fête est célébrée le 25 janvier.
Espace privilégié d’échanges et de commerce jusqu’au XVIIIe
siècle, la foire devient au XIXème siècle un lieu festif, consacré
essentiellement au divertissement. Cette transformation est le reflet du
changement de régime politique et économique opéré dans la société.
D’abord avec la Révolution Française, qui insuffla sa
nouvelle idéologie de liberté et de laïcité aux grandes manifestations
populaires, succédant aux fêtes religieuses ; ensuite avec la Révolution
Industrielle, qui provoqua le déplacement en masse des populations rurales vers
les centres industriels des grandes villes.
L’urbanisation entraîne le déracinement des gens et la perte
des valeurs traditionnelles, laissant un vide et la voie libre à des idées
laïques basées sur la nouveauté et la modernité. On assiste alors à la
naissance d’un phénomène social : la Fête Foraine.
Entre 1850 et 1900, elle devient le canal privilégié pour
véhiculer une nouvelle image du bonheur, née de l’idée du Progrès dans une
société qui aspire au Paradis Moderne. En même temps qu’elle diffuse les
nouveautés de l’ère industrielle, la Fête Foraine offre à ces populations,
victimes de l’industrialisation, une échappée dans un univers de liberté,
d’excès et de rêverie baroque. À son apogée à l’ère de « la Belle Époque », la
Fête Foraine apparaît comme le miroir des désirs de tous ceux qui veulent
s’émerveiller ou s’encanailler.
Tel un puzzle, l’Art Forain est la fusion de la foire
ancienne, de la fête de cour, des fêtes populaires et religieuses, de l’univers
des contes de fées, de la fête révolutionnaire et de la vie quotidienne. C’est
à toutes ces racines qu’il va puiser afin de donner naissance à un art nouveau.
Perméable à tous les courants, l’Art Forain trouve son
originalité dans les transpositions et chevauchements de styles: l’antique, le
néo-classique, le baroque, le romantique, le symbolique, le folklorique, le
réaliste. Alliant universalité et traditions locales, l’Art Forain régénère
tous les styles avec bonheur et gaîté. Il en sort un art du sublime excès que
réinvente une atmosphère extravagante et ultra baroque.
Après la 2ème Guerre, on constate la disparition progressive
de la plupart des théâtres, musées, ménageries, cinématographes et autres, car
ces spectacles nomades quittent la scène foraine pour se sédentariser. Sur le
champ de foire subsistent encore les jeux (loteries et tirs), mais on voit se
développer de plus en plus d’attractions où dominent les sensations de vertige
et de vitesse.
De l’étonnement et de l’invitation au voyage immobile
d’autrefois, la Fête Foraine actuelle est passée à la proposition d’une
aventure physique, avec des attractions mettant le public dans des situations
extrêmes et capables de susciter chez lui l’esprit de performance et d’exploit
sans risque.
La Fête Foraine invite à chaque instant au voyage et propose
tous les moyens de partir : par terre, par l’eau, par l’air et par le rêve.
Dans le temps d’un tour de manège, tout devient possible : on peut s’aventurer
sur les routes à cheval, à vélo, en voiture, en moto et en train; on peut se
lancer à l’eau et devenir matelot, canotier ou gondolier; on peut goûter
l’ivresse de l’air en montgolfière et en avion ou côtoyer la lune et les
étoiles à bord d’une fusée.
Chaque apparition d’un nouveau mode de locomotion suscite
l’étonnement, depuis les trains, les voitures, les motos, les hélicoptères
jusqu’aux fusées et soucoupes volantes. Toujours dans l’esprit de modernité,
les forains ont largement utilisé ces découvertes pour rendre leurs manèges
plus attractifs et ont contribué à les populariser. Dans la même année de
l’invention de la bicyclette (1861), on voyait plus de vélos sur les manèges
que sur les routes.
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