Ce petit village haut-marnais, d’environ 400 habitants, est
dominé par sa Croix de Lorraine sur « la Montage » à 397 m
d’altitude. Dans un texte de 1108, écrit en latin, « Colobarium ubi sunt
duae ecclesiase », on voit le village désigné COLOMBEY OU SONT DEUX EGLISES.
Il ressort qu’il existait bien deux églises dans ce village,
l’église paroissiale et le prieuré :
* l’église
paroissiale « Notre Dame en son Assomption » est classée monument
historique pour le chœur, l’abside et les chapelles latérales. Cette église,
d’une grande simplicité, reflète bien l’état d’esprit du lieu.
* le prieuré du titre
de « Saint Jean-Baptiste », de l’ordre de Cluny, avait été fondé
par Guy II ou Gui III de Vignory, seigneur de Colombey, à la fin du XIème
et au début du XIIème siècle.
A la Révolution le nom de Colombey avait été transformé en « Colombey la Montagne »,
apparu dans les registres de l’état civil pour la première fois de décadi 20 du
mois de pluviôse An III et disparu en l’An X, pour reprendre le nom de
« Colombey les deux Eglises ».
Charles André Joseph Marie de GAULLE est né à Lille le 22
novembre 1890, et a acheté la Boisserie en 1934. Selon le plan
cadastral, la propriété appartenait en 1818 à M. Bourlon et en 1843, Charles
Cuny, brasseur à Bar-sur-Aube, y créa une « brasserie ». C’est Henri
Descaves, nouveau propriétaire, qui en 1881, la transforme en maison
d’habitation et lui donna le nom de « Boisserie ».
Le Général de Gaulle choisit de s’installer à Colombey-les-Deux-Eglises,
village de Haute-Marne, parce que les paysages austères de landes et de forêts
de cette campagne, à la saignée des provinces de Champagne, de Lorraine et de
Bourgogne, fragments de la France éternelle, correspondaient à son esprit et à
son cœur, mais aussi en raison de son climat et de son environnement convenant
à sa petite fille, Anne, malade, qui repose au cimetière de
Colombey-les-Deux-Eglises depuis 1948.
Jamais un lieu n’aura été aussi inséparable d’un homme, que
Colombey-les-Deux-Eglises du Général de GAULLE. Colombey fut sa vraie, sa seule
demeure. C’est là que le Général de Gaulle s’est retiré en 1946. « Sur
ma maison » a-t-il alors écrit, « je regarde tomber le dernier soir
d’une longue solitude. Quelle est donc cette force des choses qui m’oblige à
m’en arracher ? ».
Suite à l’échec du référendum du 27 avril 1969, il donna sa
démission au gouvernement et rentra définitivement à Colombey-les-Deux-Eglises.
Le Général de Gaulle vit pour la
dernière fois les paysages qu’il aimait tant le 9 novembre 1970. Il repose
à côté de sa fille Anne au cimetière de Colombey-les-Deux-Eglises. Son épouse,
Yvonne de Gaulle née Vendroux, les rejoindra quelques années plus tard.
Citroën
DS 19 – 1958. Le 22 août 1962, aux environs de 20 heures, deux
Citroën DS 19 banalisées et escortées de deux motards quittent le palais de
l’Elysée vers la base aérienne de Villacoublay pour prendre un hélicoptère à
destination de Colombey-les-Deux-Eglises. A bord de la seconde, Charles de
Gaulle, de retour d’un Conseil des ministres, son épouse Yvonne : le
Colonel Alain de Boissieu, gendre et aide de camp du président est quant à lui
assis à côté du chauffeur, le gendarme Marroux.
Alors que le cortège, roulant en direction de
Vélizy-Villacoublay où attend l’hélicoptère présidentiel, arrive à hauteur du
rond-point de Clamart – lieu-dit du
Petit Clamart -, le commando Bastien-Thierry, dissimulé en guet-apens dans
une Renault Estafette, ouvre le feu sur la DS présidentielle. Ignorant que les
pneumatiques du véhicule présidentiel sont à l’épreuve des balles, les
assassins tirent à hauteur des roues sans succès à l’exception de l’un d’eux,
Georges Watin, qui envoie une rafale de MAT 49 à l’arrière de la voiture où
sont assis Charles de Gaulle et son épouse. Anticipant l’assaut de justesse,
Boissieu crie aux de Gaulle de se baisser ce qui leur évite d’être touchés.
Sur les 150 balles tirées par le commando, seuls les huit
impacts de Watin seront identifiés sur la DS. Réalisant l’échec de l’attaque,
Gérard Buisines tente d’éperonner la DS avec l’Estafette tandis qu’à ses côtés
Alain de la Tocnaye par-delà la portière tente de mitrailler la DS quand son
arme s’enraye. Par un concours de circonstances, le chef de l’Etat et son
épouse survivent à la tentative d’assassinat et bientôt les terroristes seront
arrêtés et déférés devant un tribunal d’exception.
Renault
Rambler Ambassador 1962.
Le modèle présenté a été offert par la régie Renault au général de Gaulle,
Président de la République en 1962. Immatriculé 6 PR 75, le véhicule a été
carrossé par Henri Charpon, blindé et doré de pneus anti-crevaisons, il aurait
été peu utilisé par le Général.
Les Renault Rambler
sont des automobiles conçues par American Motors Corporation et étaient
assemblées par Renault dans son usine de Haren, en Belgique, entre 1962 et
1967. Les voitures étaient envoyées sous forme de pièces détachées des
Etats-Unis et assemblées dans l’usine Renault. D’autres Rambler Renault, les
Classic et Ambassador, ont été produites par IKA Renault en Argentine dans
l’usine Santa-Isabel de Cordoba jusqu’en 1972.
A l’issue de l’attentat du PC, Roger Frey, ministre de
l’intérieur de mai 1961 à avril 1967 a commandé sans prévenir de Gaulle, la Rambler,
qui a été faite à la taille de de Gaulle. Il a toujours refusé de l’utiliser
car c’était une voiture étrangère et qu’elle était blindée. Pour la petite
histoire, d’après Martial Goult, de Gaulle du haut du perron de l’Elysée face à
la Rambler
se serait écrié : « où est ma DS ? » et s’adressant à Roger
Frey, aurait dit : « ceux qui l’ont commandée n’ont qu’à la payer et
le garder ! ». De l’humour gaullien !
Un homme,
un paysage. Charles de Gaulle n’est pas né à
Colombey-les-Deux-Eglises : c’est à l’âge adulte qu’il a choisi de venir
s’installer ici. Un peu par hasard, mais pas seulement : quelque chose,
dans les paysages environnants, l’attira immédiatement. Combien de fois
s’est-il promené dans cette campagne qui lui inspira des textes
magnifiques ? Combien de fois, dans le désarroi de l’Histoire, a-t-il
trouvé à Colombey le calme et la force
nécessaires à la poursuite de son œuvre ?
Entre de Gaulle et
Colombey, un lien étroit s’est tissé. La beauté un peu âpre des grands
horizons s’accorde parfaitement au caractère austère du personnage, tandis que
les petits villages nichés dans les vallées rappellent l’éternité d’une France
à laquelle Charles de Gaulle croyait éperdument.
La famille.
Charles de Gaulle naît le 22 novembre 1890 à Lille dans la maison de ses
grands-parents maternels. Il grandit à Paris, dans une famille de la petite
aristocratie peu fortunée, auprès d’une mère qu’il admire, et dont la
photographie nous révèle tout le tempérament. Le père, Henri de Gaulle, homme
érudit et pétillant, est professeur. La famille, avec ses cinq enfants, vit
assez simplement dans un appartement de six pièces. C’est dans les jardins de
la capitale que le petit Charles, vêtu de son costume marin, joue au ballon. Le
dimanche est l’occasion de grandes promenades près de Paris, tandis que les
vacances offrent le dépaysement dans le Nord ou en Dordogne.
Dans la France de la
belle époque, Charles de Gaulle est un petit garçon presque comme les
autres : il acquiert une solide éducation au sein de sa famille, développe
sa culture sur les bancs de l’école, joue aux petits soldats et rêve d’être
général ou ministre de la Guerre… « Vous savez, confiera sa sœur, Charles
a gardé un merveilleux souvenir de son enfance, et pourtant nous n’étions pas
gâtés »… Au fur et à mesure qu’il grandit, Charles puise dans son milieu
les valeurs qui fonderont son action future : le patriotisme de son père
et la foi catholique de sa mère en sont
les éléments principaux. Ajoutez-y un peu de fierté, voire du sale caractère,
un goût prononcé pour la littérature et les idées, et vous obtiendrez un futur
général de Gaulle. Dernier ingrédient indispensable : la taille, qui se
doit d’être haute.
Lorsqu’il achète la
Boisserie en 1934, Charles de Gaulle veut offrir aux siens un point
d’ancrage dans le flot de déménagements imposés par la vie militaire. Il pense
aussi à sa petite Anne, qui a besoin d’un jardin abrité des regards indiscrets.
La Boisserie sera ce havre tant espéré. Le vaste paysage et le petit village
tranquille de Colombey ont séduit l’officier. Et la localisation de la maison,
à mi-chemin entre Paris et les garnisons, de l’Est où il est appelé à servir,
s’avère fort pratique. Jusqu’en 1940, les de Gaulle ne passent pas à la
Boisserie que les vacances d’été. Elle ne deviendra leur résidence principale
qu’après 1946. Pourtant, dès l’entre-deux-guerres, c’est là qu’ils se
retrouvent en famille, voient grandir leurs enfants, qu’ils trouvent le repos
et, finalement, enracinent leur destin. En 1948, lorsqu’ils décident d’enterrer
leur fille Anne dans le cimetière de Colombey, ils marquent le lien étroit qui
les unit désormais à cette terre.
Philippe de
Gaulle est l’aîné des enfants de Charles et Yvonne de
Gaulle. Il passa ses vacances d’été à la Boisserie de 1934 à 1939, puis y revint régulièrement pour rendre visite à ses
parents. L’amiral Philippe de Gaulle est aujourd’hui propriétaire de la
Boisserie.
Geneviève de Gaulle
est l’une des nièces de Charles de Gaulle – son père est Xavier de Gaulle,
frère aîné du Général. Résistante, déportée, elle fut une proche confidente du
Général au moment de la Libération et vint à plusieurs reprises séjourner à la
Boisserie.
« Ce
sera lui ou personne ! » - La rencontre entre le capitaine de Gaulle et
Yvonne Vendroux relève de l’arrangement bourgeois et d’une profonde attraction
réciproque. Après la guerre, le capitaine est en mission en Pologne. Lors d’une
permission à Paris durant l’automne 1920, il rencontre chez des relations
communes une jeune fille de 20 ans, Yvonne Vendroux, issue d’une famille
calaisienne connue et respectée. La sympathie réciproque se noue autour d’une
tasse de thé et d’une visite au Grand Palais. Les deux familles partagent
visiblement les mêmes valeurs traditionnelles. Avant le retour à Varsovie, les
évènements se précipitent : on parle fiançailles, et engagement solennel
pour l’année suivante. Le mariage civil a donc lieu le 6 avril 1921 et le
mariage religieux le lendemain en l’église Notre-Dame-de-Calais. La tradition
est respectée, mais l’amour et l’estime font de ce jeune couple un modèle d’une
rare solidité.
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