Dans le département de la Meuse, situés en « Zone Rouge » -
paysage lunaire de 120 000 hectares, constitué pour l’essentiel de trous d’obus
et où la moindre trace de végétation avait disparu -, neuf villages furent
totalement rayés de la carte lors de la Bataille de Verdun :
Beaumont-en-Verdunois,
Bezonvaux, (3)
Cumières-le-Mort-Homme,
Douaumont,
Fleury-devant-Douaumont, (5)
Aumont-près-Samogneux,
Louvemont-Côte-du-Poivre, (1)
Ornes, (2)
Vaux-devant-Damloup. (4)
Demeurent aujourd’hui les vestiges où les emplacements des
maisons et des lieux publics sont symbolisés. Ils rappellent les métiers et les
activités de ces anciennes communautés villageoises. Ils n’ont jamais été
reconstruits. Ces villages fantômes, "Morts pour la France",
présentent une mémoire émouvante à travers les chapelles et les monuments
commémoratifs érigés après-guerre.
(1)
Louvemont-Côte-du-Poivre
est une commune française située dans le département de la Meuse en région
Grand Est.Elle fait partie des neuf communes « mortes pour la France »
à la suite de la première Guerre mondiale qui ne comptent plus d'habitants.
Le 21 février 1916, le tonnerre des canons marque le début
de la bataille de Verdun. Situé sur le secteur de Verdun, le village perdu par
les troupes françaises le 24 février 1916 et repris le 15 décembre 1916
disparaîtra totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et
allemands.
Cette commune ne possède aucun habitant. C'est l'un des neuf
villages français détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'a jamais
été reconstruit. Déclaré « village mort pour la France » à la fin des
hostilités, il fut décidé de conserver cette commune en mémoire des évènements
qui s'y déroulèrent. La commune est aujourd'hui administrée par un conseil de
trois personnes désignées par le préfet de la Meuse.
2 - Ornes.
Distances : 11 kilomètres Nord-Est de Charny sur Meuse ; 16 kilomètres
Nord-Nord-Est de Verdun - Fête patronale le 29 septembre {Saint Michel) - Fête
commémorative le dernier dimanche d'Août.
Historique : Ce village important, considéré
comme bourg, est situé au fond d'un vallon resserré par des côtes assez élevées
qui séparent le bassin de la Meuse de la Woëvre, et à la naissance de l'Orne,
rivière à laquelle il a donné son nom ; la partie supérieure du bourg porte le
nom patois de S'moûne (Somme-Orne). Il est fait mention de "Orna in
Wapria" en 1015 dans le cartulaire de Saint-Vanne. Ornes, capitale de
l'ancien "pagus Orninsis", était un lieu déjà considérable à l'époque
mérovingienne. Il devint dans la suite une baronnie et la première des quatre
pairies de l'évêché de Verdun (Ornes, Murault, Creuë et Watronville). La charte
d'affranchissement de cette localité à la loi de Beaumont, donnée en 1252 par
le chapitre de la Madeleine de Verdun et Jacques, sire d'Ornes et pair de
l'évêché, prouve qu'à cette date la seigneurie était encore partagée entre ces
derniers ; plus tard, le chapitre ne posséda plus en ce lieu qu'un revenu
territorial évalué en 1790 à 1 376 livres.
Il y a eu à Ornes un château féodal dont les seigneurs ont
souvent tiré avantage pour inquiéter les évêques de Verdun. La "maison
d'Ornes", de nom et d'armes, passée dans celle de "Nettancourt",
portait : d'argent à cinq annelets de gueules posés en sautoir. Vers l'an 1563,
le seigneur d'Ornes se montra ardent propagateur du protestantisme dans cette
paroisse. L'évêque Psaulme dut recourir à la force armée pour obliger son feu
dataire à renvoyer un ministre de la nouvelle croyance qui desservait la
chapelle de château.
Industries et
commerces : 3 moulins, tissage de coton occupant environ 30 ouvriers,
distilleries, vannerie, commerce de fruits, 2 foires : 30 août et 15 septembre.
Ecarts : Le moulin des Prés, moulin à 1 200 mètres d'Ornes, Les Chambrettes,
ferme à 3 kilomètres. C'était autrefois un village dont l'église paroissiale
dépendant de Saint Maur dès l'an 1046.
Dès le début de 1916,
tous ces habitants découvrent la violence des combats modernes. Leurs biens
endommagés, ils sont condamnés à l'exode. Et c'est avec au cœur l'espoir de
"rentrer un jour au pays" qu'ils consentent au déchirement
qu'engendre l'abandon de leur patrimoine. Car ces hommes et ces femmes sont
farouchement attachés à leur terre, peu généreuse certes, ayant longtemps exigé
un dur labeur mais qui n'en demeure pas moins celle de leurs racines. Dans leur
misère de réfugiés, la perspective de retrouver le bonheur d'antan sera pour
eux un soutien précieux.
1919 - L'après-guerre : Hélas, en 1918 la réalité est
toute autre, les séquelles des combats sont trop importantes, les risques
d'explosion trop grands pour espérer la reconstruction. Ce paysage de
désolation ne pourra plus être un havre d'accueil. Il ne leur reste rien, sinon
le désarroi auquel ils vont tenter de porter remède en œuvrant pour la
reconnaissance nationale et la survie de leur commune par un moyen juridique.
Aussi, font-ils pression sur les élus locaux, les parlementaires et les
ministres, s'adressant même à Raymond Poincaré, meusien d'origine et Président
de la République. Des mesures sont prises. Dès 1939, une loi dote chaque village
détruit d'une commission municipale et d'un président dont les pouvoirs et les
prérogatives sont ceux d'un maire. Suivent alors la construction, entre
les deux guerres, d'une chapelle-abri et d'un monument aux morts où sont
inscrits, comme dans toutes les communes de la France, le nom de leurs enfants
morts pour la patrie et le texte de la citation à l'ordre de l'Armée que le
gouvernement a décernée par arrêté. Trois fois par jour, l'angélus rappelle aux
visiteurs que sur ce site recouvert de forêts d'où émergent les pierres levées
du souvenir, des villageois vivaient aux accents de la chrétienté.
3 – BEZONVAUX -
En 1540 la paroisse de Bezonvaux est
une annexe de celle de Douaumont. C'est en 1624 qu'un curé est affecté au
village, Beaumont-en-Verdunois devient alors annexe de la paroisse de Bezonvaux. Au début du XVIIIe
siècle Beaumont, devenu plus important que Bezonvaux,
le curé déménage pour s'y installer mais en 1803, Bezonvaux est rattaché à Ornes tout en conservant son église.
L'église paroissiale, construite au XVIIIe siècle et restaurée en
1848, était dédiée à Saint-Gilles, Elle a été détruite en même temps que le
village, entre 1916 et 1918. La chapelle actuelle a été construite entre 1927
et 1932 à une centaine de mètres des ruines de l'ancienne.
Le village possédait déjà une école, ou du moins un local en
faisant office, vers 1750. À partir de 1824 la commune fait effectuer des
travaux dans une maison qu'elle vient d'acheter pour y aménager une salle de
classe. Un projet de maison commune servant à la fois de mairie, de four à pain
communal, de logement pour l'instituteur et d'école voit le jour en 1886. À
cette époque, 44 enfants sont scolarisés. Le dernier instituteur du village,
Émile Joseph Richard, a été tué devant la mairie par un obus le 3 janvier 1915.
Un moulin à farine, actionné par le ruisseau de Bezonvaux, était en service jusqu'à la
destruction du village. Il était situé en aval du village. En 1803, la
population du village était de 199 habitants ; juste avant la Première Guerre
mondiale, elle était de 149 habitants après être montée à 317 en 1851.
Le 21 février 1916,
le tonnerre des canons marque le début de la bataille de Verdun. Situé sur
le secteur de Verdun, le village perdu par les troupes françaises
le 23 février 1916 et repris le 16 décembre 1916 disparaitra totalement sous
l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands.
Quoique situé à proximité de la zone des combats, le village
n'a été vidé complètement de ses habitants que le 15 février 1916, peu de temps
avant que les Allemands ne le prennent d'assaut le 25 février. Le 25 novembre
1917, un sévère combat y oppose les Français et les Allemands. Après
l'armistice, il ne restait pas un mur debout et les terres cultivables étaient
labourées par de profonds trous d'obus dont beaucoup n'avaient pas explosé.
Pour ces raisons, le territoire du village fut déclaré zone rouge. Le village
est désormais abandonné. À la fin des hostilités, il est décidé de conserver cette
commune, déclarée « village mort pour la France », en mémoire des événements
qui s'y sont déroulés.
4 – Vaux-devant-Damloup
est une commune française située dans le département de la Meuse, elle est
l'une des neuf communes « mortes pour la France » à l'issue de la première
Guerre mondiale.
Le 21 février 1916, le tonnerre des canons marque le début
de la bataille de Verdun. Situé sur le secteur de Verdun, le village perdu par
les troupes françaises les 31 mars 1916 et repris le 3 novembre 1918
disparaitra totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et
allemands.
Le village ne comporte guère plus de 80 habitants. Construit
après la Première Guerre mondiale, il tient son nom de Vaux, village détruit
par la bataille de Verdun en 1916, et du village de Damloup, situé à deux
kilomètres.
5 - Fleury-devant-Douaumont
est une commune française située dans le département de la Meuse. Le village
fut détruit en 1916 pendant la bataille de Verdun et ne fut pas reconstruit.
Depuis, le site de la commune est devenu un lieu de souvenir inhabité. Avant la Première Guerre mondiale, Fleury-devant-Douaumont est un village dont les 422 habitants, en
1913, vivent principalement de l'agriculture céréalière et du travail du bois.
Les principaux conflits qui se sont déroulés dans la région,
guerres révolutionnaires et d'empire, guerre de 1870 n'ont pas atteint le
village, situé sur des hauteurs boisées. Après 1870, une voie ferrée est
construite entre Verdun et Douaumont qui passe par Fleury. Un certain nombre
d'ouvrages défensifs voient le jour dans le secteur (l'Empire allemand depuis
1871 s'étend alors sur une partie de la Lorraine, la frontière se situant
désormais à une quarantaine de kilomètres à l'est de Fleury) : la redoute de Souville,
les forts de Tavannes et de Froideterre et plusieurs ouvrages annexes. La
commune voit alors passer nombre de soldats et d'ouvriers. En août 1914, les
régiments de Verdun passent par Fleury pour se rendre dans la plaine de la
Woëvre. Avec la bataille de la Marne, en septembre 1914, le front se fixe à
quelques kilomètres au nord-est du village. Durant l'année 1915, il fait partie
de la zone fortifiée de Verdun et de nombreux soldats y cantonnent.
Le 21 février 1916 débute la bataille de Verdun. Le village
est réveillé par les tirs d'artillerie préparatoires à l'assaut allemand.
L'ordre est donné d'évacuer le village, sous la neige. Le 25 février le fort de
Douaumont tombe aux mains des Allemands, qui ont désormais une vue sur le
village bombardé. Le 7 juin, le fort de Vaux tombe à son tour. La ligne de
front passe désormais par la commune et Fleury, entre Souville et Froideterre,
devient une position clé qui peut permettre aux Allemands de percer en
direction de Verdun. De juin à août, le commandement allemand lance plusieurs
offensives sur cette partie du front. En deux mois, le village est pris et
repris 16 fois par Français et Allemands. Le 23 juin, les Allemands lancent
plusieurs milliers d'obus sur le village, dont certains au gaz, bombardement suivi
par une offensive des meilleures troupes impériales, la Garde bavaroise et
l'Alpenkorps. Pour tenir la position, les hommes du 121e bataillon
de chasseurs à pied se sacrifient. Les Français tentent également de contenir
l'attaque en engageant leur aviation qui procède à des mitraillages au sol. La
260e brigade a pris la relève et d'âpres combats se déroulent pendant plusieurs
jours sur quelques hectares seulement. Le village est pris le 23 par les
Allemands, repris le lendemain par les Français et de nouveau le surlendemain
par les Allemands.
Le 11 juillet, les Allemands réussissent à prendre la
Poudrière, un dépôt de munitions avancé enterré qui était destiné à alimenter
les forts environnants. Certains soldats allemands parviennent jusqu'au Centre
D, un petit ouvrage de défense terrassée. Ce point marque l'avancée allemande
maximale en direction de Verdun. Du 13 juillet au 5 août, d'intenses combats se déroulent
autour du village en ruines. Dans la nuit du 17 au 18 août 1916, le régiment
d'infanterie coloniale du Maroc lance un assaut et reprend définitivement le
village. Avec les zouaves et les tirailleurs de la 38e division
d'infanterie, ils combattaient depuis 10 jours sur le territoire de la commune.
Situé sur le secteur de Verdun, le village disparaît
totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands. En
1918, le village est déclaré « mort pour la France ». C'est l'un des neuf
villages détruits lors de la bataille de Verdun. Le relief tourmenté du sol de
la commune témoigne encore de l'énorme quantité d'obus reçue.
En 1916, la commune normande appelée Allemagne change son
nom en Fleury-sur-Orne en l'honneur du village détruit. Plusieurs villages de
Bavière ont une rue nommée Fleury, nom donné en l'honneur des soldats de la Garde
bavaroise tombés lors des assauts sur le village.
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