Roscoff
1818-1860:
surpopulation et émigration. De 1817 à son décès, le 2 octobre 1820, Dorothée
Silburne, qui avait hébergé et secouru Monseigneur de La Marche durant son exil
à Holborn, est recueillie par le comte de la Fruglaye dans sa maison près de l'église
d'où elle dépense la pension qu'elle a reçu de Louis XVIII à ses œuvres de
bienfaisance.
Du 1er
novembre au 6 décembre 1832, l'épidémie de choléra, qui sévit dans
toute la France, tue quatre vingt six roscovites. Devant l'incompétence des
médecins locaux, deux médecins de la Marine sont dépêchés de Brest et mettent
un terme à la surmortalité. Le 8 avril suivant, la municipalité est contrainte
par une loi d'assainissement votée par l'Assemblée d'ouvrir, en sus des
cimetières de l'enclos paroissial et de l’hospice ainsi que celui de Santec, un
quatrième cimetière, le cimetière du Vil. Cette même
année 1831, des investisseurs brestois, espérant valoriser un polder
de cent hectares, construisent la digue à écluse qui ferme le fond de l'anse de
Laber, espérance déçue par l’opposition de la commune favorable aux goémoniers
et à la libre pâture pratiquée par les santéquois.
Les vapeurs à aubes de Corbière font entrer les colporteurs dans la modernité et convertit Roscoff en port pêche. Le bourg compte alors de nombreux indigents, journaliers et matelots au chômage entre deux emplois. L'alphabétisme est l'exception y compris chez les hommes d'affaires les plus expérimentés. Le budget de la commune, réduit à quelques quatre mil francs issus principalement de l'octroi et des taxes sur le smoglage (importation de whisky), peine à l'entretien de la digue du Vil et des pavés, à la rémunération d'une dame des Postes, d'un cantonnier et, depuis 1831, de deux instituteurs, l'un à Roscoff même, l'autre à Santec. La commune s'en remet souvent à la tutelle du préfet.
Maisons
urbaines et vestiges de la chapelle Saint-Ninien. Monuments
historiques classés. En 1548, Marie Stuart, jeune reine d’Ecosse âgée de six
ans et future reine de France par son mariage avec François II, débarquait à
Roscoff. De ce royal évènement, la tradition populaire rapportera que la jeune
souveraine fut alors hébergée dans l’une ou l’autre des deux maisons sises aux
n°19 et 25 de l’actuelle rue Réveillère, appelée depuis Maisons Marie Stuart.
C’était sans nul doute rendre hommage à la qualité de ces deux manoirs urbains
dignes d’accueillir une reine ! Mais omettre leur date de construction
qui, comprise entre 1560 et 1580, est donc postérieure à la venue de la
souveraine.
La réalité veut qu’à son arrivée à Roscoff Marie Stuart débarquât
au pied de la chapelle Saint-Ninien, édifiée vers 1510. Cette chapelle était
probablement le seul édifice existant en
bordure de mer sur le territoire roscovite à cette époque. En ruines, la
chapelle fut détruite en 1932 pour permettre l’accès au nouveau quai. Il n’en
subsiste aujourd’hui qu’une porte à voussures et un bénitier encastrés dans un
des murs de la maison située au n°25.
Eglise Notre-Dame de Croas-Batz. Fondée au début du XVIe
siècle à l’initiative de riches marchands et armateurs, sur le site de
Croas-Batz (Croix de l’Ile de Batz), l’église fut consacrée en 1550. Entreprise
vers 1520 par la nef, sa construction se poursuit au cours du XVIe
siècle par le porche ouest et le clocher puis, au XVIIe siècle par
le chœur (vers 1609), la sacristie et l’enclos (1639). Elle s’acheva en 1701
par l’édification de la chapelle nord dite « des Agonisants ».
L’église fit l’objet d’une campagne de restauration en 1777.
Rompant avec le
style de l’église fidèle à la tradition gothique, le remarquable clocher
Renaissance, 1576, est couronnée d’un dôme flanqué de lanternons superposés.
Contemporain et stylistiquement proche de celui de la chapelle de
Berven-Plouzévédé, il en revêt la même importance pour l’histoire de l’art en
basse Bretagne. Ils sont en effet considérés comme les prototypes des clochers
à double galerie et double étage de cloches, nombreux dans le Léon.
Deux ossuaires en forme de chapelle, l’une très sobre (XVIe
siècle) et l’autre admirablement ajourée d’un double rang de balustres (XVIIe
siècle), complètent l’enclos.
Les
Johnnies étaient des marchands d'oignons roscovites, qui,
à partir du XIXe siècle, partaient chaque année en août, de l'autre côté de la
Manche pour vendre leurs oignons.
Le colportage de légumes a commencé au départ de Roscoff par
voie de terre vers l'ouest de la France à la fin du XVIIIe siècle au cours de
la crise économique qui a précédé la Révolution. Un demi-siècle plus tard, en 1828, un cultivateur roscovite, Henri Ollivier,
affrète une gabarre, la charge d'oignons et avec trois compagnons se
dirige vers l'Angleterre.
Tel fut l'initiateur et le fondateur du commerce d'oignons
en Grande-Bretagne. Là-bas, les vendeurs furent appelés en anglais Johnnies («
les petits Jean ») ou Johnnies Onions, et en gallois Sioni Wynwns
(translittération en gallois de "Johnny Onions").
Le terme est passé
en breton : ar Johnniged. Ils ont été surnommés ainsi car, à cette époque, ils
emmenaient avec eux leurs enfants, âgés d'une dizaine d'années et petits par la taille, Yann, équivalent de John, et
Yannik, équivalent de Johnny, étant en breton, des prénoms
très usuels.
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