Le gouffre de Padirac est l'entrée monumentale d'une cavité
naturelle, situé dans le Lot en France, d'une dimension de 35 mètres de
diamètre environ. Au fond de ce gouffre, à 103 mètres de profondeur, coule une
rivière souterraine qui parcourt une partie d'un grand réseau de plus de 40
kilomètres de développement. Il se trouve au nord de Gramat, dans la région
historique du Quercy et s'ouvre dans les calcaires jurassiques du causse de
Gramat.
La formation du gouffre est due à un effondrement de la
voûte il y a environ 10 000 ans. Il existait déjà au IIIe siècle de
notre ère.
Édouard-Alfred Martel rapporte que vers 1865 - 1870, M. le
comte Murat et M. de Salvagnac descendirent dans le puits d'entrée dans un
grand panier retenu par des cordes. Le fils de M. de Salvagnac confia à Martel
que son père y était descendu par curiosité ou à la suite d'un pari. Mais ils
ne remarquèrent pas le petit orifice qui conduit à la grande galerie où
s'écoule la rivière souterraine.
En 1889, le spéléologue Édouard-Alfred Martel fut le
découvreur de la rivière souterraine du gouffre de Padirac.
Arrivés à midi, le 9 juillet 1889, Martel, Gaupillat,
Armand, Foulquier, assurés par six hommes de manœuvre, descendent à l'échelle
les 54 mètres du puits d'entrée. Martel et Foulquier lèvent la topographie
pendant que Gaupillat prend des photographies. Ils explorent vers l'amont la
galerie de la grande arcade et vers l'aval la rivière (- 103 m). Ils s'arrêtent
à plus de 400 m du puits d'entrée sur de l'eau profonde.
Le lendemain, dès 4 heures du matin, ils redescendent avec un
bateau de type Osgood baptisé le Crocodile. À 10 heures, Martel et Gaupillat
embarquent, passent le lac de la pluie, la grande pendeloque, le rétrécissement
du pas du Crocodile, le lac des grands gours
(terminus actuel des touristes), le passage des étroits, les tunnels. Ils
rebroussent chemin au 34e gour, à environ 2 km du puits d'entrée.
(Un gour, « gouffre », « mare », du latin gurges, « gouffre », « gosier ») est
une concrétion carbonatée (spéléothème) en forme de barrage en travers d'un
écoulement souterrain).
Le gouffre a servi de refuge aux habitants du causse de
Gramat pendant la guerre de Cent Ans
(La guerre de Cent Ans est un conflit,
entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant de 1337 à 1453 la dynastie
des Plantagenêts à celle des Valois, et à travers elles le royaume d'Angleterre
et celui de France) et au cours des
guerres de Religion (En France, on
appelle guerres de Religion une série de huit conflits, qui ont ravagé le
royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés
catholiques et protestants, appelés aussi huguenots) , mais il semble que
ce soit seulement vers la fin du XIXe siècle, à la suite d'une
violente crue de la rivière, qu'une communication praticable se soit ouverte
entre le fond du puits et les galeries souterraines.
Dans les années 2010, le gouffre de Padirac est l'une des
entrées d'un réseau souterrain de plus de 40 kilomètres de développement pour
plus de 250 mètres de dénivelé. Il est classé parmi les cent plus longues
cavités souterraines naturelles. De nombreuses parties de ce réseau restent
encore à explorer et à topographier.
En 1897 et 1898, Armand Viré fut chargé d'aménager le
gouffre. L'escalier métallique fut conçu et fabriqué par la maison Charpentier
et Brousse de Puteaux4. Les premières visites touristiques eurent lieu le 1er
novembre 1898, mais l'inauguration officielle fut organisée le 10 avril 1899
sous la présidence du ministre de l'Instruction publique Georges Leygues.
Aujourd'hui 2,5 km de galeries, sur les 42 km explorés, peuvent être visités.
Dès 1900, l'éclairage électrique fut installé sous la
direction de l'ingénieur Roumazeilles. En 1906, une petite centrale électrique
alimentait le gouffre. Depuis les années 1930, l'accès à la rivière
souterraine se fait par ascenseur, le reste de la visite se faisant à pied
(environ 1 300 m) et en barque (1 000 m). La longueur de la rivière souterraine
est de 20 kilomètres et sa profondeur varie de 50 cm à 6 m sur la partie
visitée, la température de l'eau est constante à 12 °C, celle de la grotte est
toujours de 13 °C.
Padirac détient
le record de fréquentation pour le tourisme souterrain en France : plus de 400
000 visiteurs par an avec un record de 460 000 entrées en 1991. 85 personnes, en
majorité des saisonniers, sont employées par la société d'exploitation
spéléologique du gouffre de Padirac.
Une légende raconte que Saint Pierre (ou Saint Martin)
cheminait sur sa mule, en quête d'âmes à sauver, sur la voie romaine allant
d'Autoire à Montvalent. Soudain Satan apparait et lui propose une épreuve avec
comme enjeu les âmes des damnés qu'il emporte en enfer. Le diable frappe le sol
de son talon et un gouffre apparaît. La mule et son cavalier franchissent
l'obstacle d'un bond extraordinaire dont il subsiste toujours les marques
laissées par les sabots dans le rocher. Le diable furieux retourne dans les
entrailles de la terre par le trou béant qui devient dans l'imaginaire
collectif une porte des enfers.
Une autre légende voudrait qu'à la fin de la Guerre de Cent
Ans, les Anglais aient enfouis dans le gouffre un riche butin cousu au
préalable dans une peau de veau. Lorsqu'Édouard-Alfred Martel acheta les
terrains situés au-dessus de la rivière souterraine, les propriétaires
exigèrent l'insertion d'une clause leur réservant une part de l'éventuel trésor.
Dans sa vie, Edouard-Alfred
Martel est descendu dans quelques 1500 grottes, abîmes et autres cavités,
dont le Gouffre de Padirac… Personne
avant lui n’était allé aussi loin dans ce « Trou du Diable ».
Bravant superstitions et légendes, il l’a exploré avec ses compagnons à l’aide
de cordes, d’échelles, de bougies et de barques. On murmure qu’ils auraient
trouvé un trésor.
En 1900, Edouard-Alfred Martel visite l’Exposition Universelle
de Paris, extraordinaire vitrine des découvertes de l’époque. Le Gouffre de
Padirac reconstitué sous la colline de Chaillot est présenté au monde entier !
Martel, enthousiasmé par ce contexte d’inventions, imagine pour le site un
futur à la Jules Verne. Le rêve va devenir réalité lorsqu’en 1939, William
Beamish, alors président de la Société du Gouffre, inaugure le « Nouveau
Padirac »…
Quelques années avant la seconde Guerre mondiale des marins
et des ingénieurs tels que Gagnan, Fernez, Dumas, Tailliez ou encore Cousteau
cherchent à percer le monde du silence. Leurs découvertes permettent aux
plongeurs sous-marins d’évoluer librement.
De la légende du saint Martin aux expéditions des spéléo
plongeurs, le Gouffre de Padirac a connu de nombreux exploits qu’Edouar-Alfred
Martel aurait certainement voulu vivre.
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